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14 PENSÉE, IDÉOLOGIE ET POLITIQUE« Rienne se fait de grand sans passion. » Hegel Cheminement de l'étudiante L'aide fouiaie gracieusement par le professeurVachet pourraitparaître idéalisée aux yeux de ceux et celles qui n'ont pas bénéficié de ses enseignements,maisjene doutepasun seulinstant que tousceuxquil'ont connu confirmerontses compétences et son humanisme. J'avoue sans ambages que la fin de mon baccalauréat en science politiqueàl'Université de Montréal àlafin des années 1960m'avait laissée dans l'indécision ;j'étais prête àchanger d'orientation ou d'établissement d'enseignement. J'ai décidé de m'inscrire à l'Université d'Ottawa, sans savoir vraiment ce qu'il en adviendrait. Les cours du professeurVachet ont été une véritable révélation. Non seulement il m'a confirmé dans ma décision de poursuivre mes études en science politique et a ravivé mon goût de l'étude, mais encore, grâce à ses connaissances encyclopédiques et à son talent pédagogique, il m'a aidée à trouver enfin le champ d'étude — la pensée politique — le plus propre à exciter la curiosité intellectuelle nécessaire pour entreprendre des études plus avancées. Il m'a communiquésapassion des idées politiques.Dansson enseignement, il savait parfaitement nous transmettrenon seulement des connaissances relatives auxauteurs, à leurs œuvres et auxépoques, mais aussi etsurtout une réflexion, sa propre pensée sur les auteurs étudiés. C'est là sans conteste le propre du philosophe qu'il est, de sorte que chacun de ses cours nous enrichissait. En cela, son enseignement a été tout à fait en accord avec le rôle de professeur qu'il définit lui-même dans le texte du cours public qu'il a donné à l'occasion de sa réception du prix pour l'excellence en enseignement, en 1983. Un professeur ne peut s'empêcher de se livrer dans son enseignement... Jevise plus à soulever des problèmes et à provoquer la réflexion ou même la polémique qu'à offrir des réponses ou des recettes de solutions1 . Alors qu'il achevait sa thèse de doctorat et qu'il se préparait à la soutenir, il nous a affirmé que, pour faire un doctorat, il fallait plus de travail et de persévérance que d'intelligence (ou de génie). Voulait-il, par TÉMOIGNAGES 5 modestie, démystifier enquelquesortel'effort intellectueletenparticulier la finesse de son analyse? La somme que représentait sa thèse sur l'idéologie libérale nous indiquait au contraire que ce genre d'études réclamait des moyens intellectuels hors du commun. En outre, son enseignement sur la pensée libérale témoignait de la profondeur de sa réflexion. Nous découvrions dans ses cours la diversité des thèses soutenues par les penseurs libéraux, en particulier ceux du XVIIIe siècle, la complexité des rapports entre lapropriété, la liberté,l'égalité et la sûreté, le caractère non statique de lapensée libérale,une pensée en mouvement dont il constate l'impossible synthèse dans son ouvrage, ce qui ne l'empêche nullement de poursuivre l'objectif de vérifier la nature des rapports entre ces thèmes et ces thèses à l'intérieur des diverses philosophies libérales et [...] retrouver l'agencement établi par les auteurs dans l'histoire et la pensée2 . De cette série d'antinomies auxquelles aboutit la pensée libérale classique, il parvient à dégager le sens et la portée, et surtout à montrer que l'idéologie libérale dans son long processus d'évolution est responsable de l'état actuel des sociétés, en particulier de l'Europe occidentale et centraleet de l'Amérique. Cette thèse imposante qui résulte de l'analyse des œuvres d'une multitude d'auteurs sur plus d'un siècle, il l'a avancée à une époque où tous lestravaux importantsensciencessocialestraitaientdu marxismeou s'inscrivaient dans une perspectivemarxiste.Ilécritd'ailleurs àcepropos dans Crise de civilisation et université...: Je suis d'une génération et dans un domaine qui ont été fortement marqués par la mode du marxisme, d'un marxisme simplifié et réduit, ce qui n'est peut-être pas tout à fait étranger à la stérilité présente de lapensée sociale. J'aipeur que l'on succombe maintenant à la mode d'un anti-marxisme aussi...

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