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156 L'EXPÉRIENCE QUOTIDIENNE AU TRAVAIL, EN FAMILLE, À LA VILLE davantage qu'un continuum, ils sont organiquement liés, car ils sont de la même nature sociale. La mobilité urbaine commefacteur d'agencement spatio-temporel Dans une recherche sur les pratiques de circulation, la conception du couplage espace-temps a conduit à considérer la mobilité comme maillant une diversité d'espaces reliés dans les temporalités des comportements des citoyens. La mobilité occupe le centre de l'approche de l'expérience urbaine, agençant le cadre bâti aux temporalités des déplacements. La notion de mobilité a été reconsidérée. Elle s'appuie sur un nouveau courant de la sociologie urbaine introduit principalement par la jeune sociologie américaine et canadienne. Des recherches inscrites dans ce courant reconsidèrent la notion, au regard notamment des transformations urbaines (Tarrius, 1991; Amar, 1993). Ces auteurs insistent sur la nécessité de penser la ville comme « territoire circulatoire », « système de mouvement », et non plus seulement comme un ensemblejuxtaposé de localisations . La notion de déplacement, de son côté, longtemps limitée aux déplacements professionnels monosegmentés, avait fait peu cas des pluridéplacements de forme labyrinthique ou réticulée d'acteurs sociaux, autres que le travailleur type masculin qui échappait souvent aux déplacements induits du travail domestique , ceux des femmes précisément. En outre, la mobilité, le plus souvent construite dans son rapport à l'espace, tenait peu compte du temps, des temps sociaux, des temporalités sociales. Toute une littérature récente essaie de repenser la ville dans le territoire et ses aménagements en incluant la temporalité des grandes transformations (Rochefort, 1995; Ascher, 1998). Elle alimente ma réflexion sur la place de l'espace dans la construction de l'expérience sociale du quotidien. La conception de la mobilité comme pluridéplacements urbains, telle qu'elle est concrètement active dans la recherche, est polymorphe. Elle distingue, en effet, quatre types d'espaces : centre-ville, espaces du quartier habité, espaces interquartiers et espace hors agglomération. Elle tient compte ensuite des motifs de déplacement, de leur fréquence, de leurs temporalités et de leur lieu d'exercice, enfin des moyens de déplacement. Une notion complexe de la mobilité appelée plurimobilité. L'EXPÉRIENCE SOCIALE DE LA VILLE 157 La ville, appréhendée comme mouvement, conçoit les pratiques comme n'étant pas déterminées en reflet par le territoire. Elles ont une autonomie relative de manifestation dans lesagencements de l'espace urbain qu'elles contribuent à façonner. L'approche de la plurimobilité se situe, sur le plan théorique et empirique, à l'articulation entre les acteurs sociaux et les structures , entre les individuset l'environnement. Des configurations spatio-temporelles de plurimobilité différenciées Sans entrer dans le détail des analyses,celles-ci ont conduit à dégager des configurations spatio-temporelles de mobilité. La mobilité des hommes et des femmesdessine desformes. Au sens de Simmel, la notion de forme réfère à un tout articulé qui tire son sens de sa globalité et non de l'addition de sesdimensions . Les formes de spatialité, représentent l'inscription des déplacements temporalisés, dans un espace diversifié qui tient compte aussi des zones délaissées ou inconnues. Chaque forme résulte d'un traitement statistique un peu compliqué qui a présent é l'avantage de faire émerger des régularités à partir des pratiques imbriquées. Chacune part du lieu du domicile dans l'espace urbain autour duquel s'inscrit une spatialité, plus ou moins étendue et plus ou moins dense, une densité qui matérialise une fréquence temporelle. Quatre grandes formes émergent des analyses : —La forme la plus fréquente couvre la totalité de l'aire urbaine considérée, avec des zones de plus grande fréquence. Elle manifeste une expérience intense de la ville par une mobilité ouverte sur tous les types d'espaces, pour des motifs extrêmement divers. Elle est plus fréquente chez les hommes, correspondant, chez eux, à une très forte utilisation de l'automobile. Elle oppose les générations de femmes,car elle est quasiment absente chez les plus âgées, offrant là un bel exemple de lecture de l'imbrication des rapports sociaux. Lesplusjeunes encore peu nombreuses se rapprocheraient des hommes. Ce sont elles qui cherchent à contourner la dette entre générations. -Une forme en grumeau autour...

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