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Chapitre 4: Les coordonnées de la protolexicographie en Mésopotamie et en Egypte
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CHAPITRE 4 LES COORDONNEES DE LA PROTOLEXICOGRAPHIE EN MESOPOTAMIE ET EN EGYPTE Lafiliation des etats dictionnairiques L'etat actuel des connaissances et le reexamen de la documentation disponible au sujet du Proche-Orient ancien montrent qu'une protolexicographie a bel et bien existe et que la filiation des types de dictionnaires doit etre inversee. Les recueils monolingues, dits protodictionnaires , ont incontestablement precede les ouvrages bilingues et multilingues. Trois raisons principales peuvent etre evoquees pour justifier ce revirement ou ce retablissement de situation : 1. les enquetes qu'on avait menees ne remontaient pas assez loin dans le temps, se limitant a la fin de 1'Antiquite et au debut du Moyen Age. Elles n'avaient pas non plus quitte le continent europeen pour explorer d'autres territoires. Enfin, elles n'avaient pas recoupe suffisamment de donnees. L'article de Claude Boisson, Pablo Kirtchuk et Henri Bejoint (1991)met bien ces phenomenes en lumiere. De plus, il ouvre des horizons nouveaux du fait de 1'etude des manuscrits tabulaires mis au jour au Proche-Orient; 2. le concept de « dictionnaire » a ete revisite et elargi. On peut ici parler de « dictionnaire » a propos des travaux mesopotamiens et egyptiens et y accoler retroactivement 1'etiquette lexicale idoine; mais il faut garder a 1'esprit que ce n'est que plus de quatre millenaires apres, soit vers la fin du xve siecle et au debut du xvie , que le concept se fixera et que le vocable dictionnaire s'incarnera regulierement dans les titres de repertoires de mots. C'est avec la confirmationde 1'apparition du genre nouveau, le dictionnaire, que naitra aussi dans les langues europeennes le CHAPITRE 4 LES COORDONNEES DE LA PROTOLEXICOGRAPHIE EN MESOPOTAMIE ET EN EGYPTE La filiation des fiats dictionnairiques L'etat actuel des connaissances et Ie reexamen de la documentation disponible au sujet du Proche-Orient ancien montrent qu'une protolexicographie a bel et bien existe et que la filiation des types de dictionnaires doit etre inversee. Les recueils monolingues, dits protodictionnaires , ont incontestablement precede les ouvrages bilingues et multilingues. Trois raisons principales peuvent etre evoquees pour justifier ce revirement ou ce retablissement de situation: 1. les enquetes qu'on avait menees ne remontaient pas assez loin dans Ie temps, se limitant ala fin de l'Antiquite et au debut du Moyen Age. Elles n'avaient pas non plus quitte Ie continent europeen pour explorer d'autres territoires. Enfin, elles n'avaient pas recoupe suffisamment de donnees. L'article de Claude Boisson, Pablo Kirtchuk et Henri Bejoint (1991) met bien ces phenomenes en lumiere. De plus, il ouvre des horizons nouveaux du fait de l'etude des manuscrits tabulaires mis au jour au Proche-Orient; 2. Ie concept de « dictionnaire » a ete revisite et elargi. On peut ici parler de « dictionnaire » apropos des travaux mesopotamiens et egyptiens et y accoler retroactivement 1'etiquette lexicale idoine; mais il faut garder al'esprit que ce n'est que plus de quatre millenaires apres, soit vers la fin du xve siecle et au debut du XVle, que Ie concept se fixera et que Ie vocable dictionnaire s'incarnera regulierement dans les titres de repertoires de mots. C'est avec la confirmation de 1'apparition du genre nouveau, Ie dictionnaire, que naitra aussi dans les langues europeennes Ie 124 LES INVENTEURS DE DICTIONNAIRES mot qui designera ce genre de texte (voir Alvar Ezquerra 1995 : 175). II faudra attendre plusieurs millenaries pour que la semence donne son fruit et que 1'arbre du dictionnaire soit en pleine croissance. Toute liste d'unites dressee a 1'intention d'un autre destinataire ou de soi-meme (le public cible) et reservee a une fonction linguistique, pedagogique et mnemotechnique (le programme) peut etre denommee dictionnaire du simple fait qu'on y decele une formalisation double (lamacrostructure et la microstructure). Les donnees sont rangees ou ordonnees soit par matieres, comme dans les catalogues methodiques, soit par reperes linguistiques reiteres, comme dans les alignements« alphabetiques », ou suivant un type de classement similaire. Ces materiaux lexicauxsont en fait les entrees qui se presentent comme des figures ou comme des successions de sons ou de lettres, trois descripteurs qu'il faudrait d'ailleurs placer entre guillemets etant donne cequ'ils depeignent reellement au cours de la periode etudiee : des caracteres cuneiformes, des hieroglyphes , des sequences de signes divers, parfois combines. Au fil du temps, les signes constitues de lettres agregees en viendront a representer 1'entree canonique dans les dictionnaires de langue du monde occidental; 3. le couple latin-langue romane...