-
Des Italo-Belges au Canada: résultats d'une première enquête
- University of Ottawa Press
- Chapter
- Additional Information
Les immigrants préférés confier les chaires de géographie économique, de physique et de chimie à des compatriotes belges. De Bray lança aussi la Revue économique canadienne. Son successeur à la direction de l'ÉHÉC, Henry Laureys, fonda un Bureau commercial, sorte de maison de commerce simulée pour initier les étudiants au monde des affaires et créa un Musée commercial et industriel4 .44 D'autres Belges apparurent dans le sillage du mouvement qui avait donné naissance à un réseau d'écoles de métiers. En 1907, Alfred Fyen prit la direction de l'École d'Arpentage de Québec et, l'année suivante, la direction de l'École Polytechnique de Montréal. En 1912, il fonda l'École des Arts Décoratifs et Industriels. Ce fut aussi lui qui créa l'École d'Architecture dont la direction fut confiée à Marc Lyon, un des directeurs de l'École des Beaux-Arts de Bruxelles. La famille De Koninck, qui émigra aux États-Unis au début du siècle, fournit pour sa part de nombreux universitaires tant au Québec qu'à l'Ontario. Charles De Koninck arriva à Québec en 1934, après ses études à Ostende et à Louvain, comme professeur de philosophie et devint ensuite doyen de la faculté45 . L'augmentation de la clientèle scolaire, un des effets du « baby boom » des années 1950, et les pressions faites pour modifier les structures et les programmes, ne permettait plus aux communautés religieuses de répondre aux défis modernes. Il fallait ouvrir les portes aux enseignants laïcs. À partir de 1960, un grand nombre de Belges en profitèrent pour trouver de l'emploi à tous les échelons de l'enseignement, de la maternelle à l'université. Ils occupèrent les postes pour lesquels il n'y avait pas assez de personnes compétentes sur place. Ils furent généralement bien accueillis dans la mesure où ils ne menaçaient aucun monopole46 . e. Les commerçants, les industriels, les scientifiques, les techniciens et les membres des professions libérales Dans un premier temps les autorités canadiennes avaient privilégié l'immigration d'agriculteurs. Dès 1906, une nouvelle loi encouragea le recrutement d'un plus large éventail de travailleurs dans les secteurs de la construction, de l'industrie, de l'exploitation minière et forestière. Au cours des années suivantes, les immigrants ayant des talents particuliers et de l'argent à investir furent les mieux reçus. L'industrie et le commerce avaient remplacé l'agriculture comme critère principal de la politique d'immigration. 44 André VERMEIRRE, « Les Belges et les Hautes Études Commerciales », Le Devoir, 2 décembre 1985. 45 Ses prises de position sur la question de l'école non-confessionnelledans le cadre des discussions de Vatican II secouèrent l'opinion publique. Il décéda subitement à Rome en 1965 alors qu'il assistait à la réunion de la sous-commission du Concile (Gérard PELLETIER, « Mort d'un philosophe », La Presse, 16 février 1965). Un bâtiment de l'Université Laval porte encore aujourd'hui son nom. 46 André VERMEIRRE, « Les Belges en milieu urbain », Manuscritnon-publié, p. 6-7. 152 Quelques aspects des activités professionnelles C'est ainsi par exemple qu'en 1928, Léon Dupuis, fils d'une famille industrielle namuroise, ingénieur et ancien officier d'artillerie, qui avait de bonnes relations dans le monde des affaires, s'installa à Vancouver et mit sur pied en peu de temps la Chambre de Commerce belgo-canadienne pour promouvoir les échanges entre la Belgique et le Canada. Après le « crash » de 1929, il reprit ses activités en formant sa propre compagnie et en maintenant des liens étroits avec le Comité Central Industriel en Belgique et son réseau international.Dupuis organisa l'importation de rails de chemin de fer, d'acier, de fils de ligne, de ciment et de verre au retour des convois de grains en partance de la Baie d'Hudson. Cette entreprise ne connut aucune concurrence, pas même de la part des grandes sociétés américaines, jusqu'au début de la guerre en 1939. En 1945, Léon Dupuis, devenu consul honoraire à Vancouver et directeur de plusieurs entreprises d'exploitation, maintint des relations étroites avec la Société Générale de Belgique, avec la compagnie Sogémines (qui sera connue plus tard sous le nom de Genestar) et avec les entreprises Solvay...