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CONCLUSION Ce travail, dont lebut était de présenter les enjeux ayant entouré la pratique traduisante au XIIe et au XIIIe siècle en Espagne, nous a permis de traiter un certain nombre de questions qui demeurent à l'heure actuelle au cœur de la réflexion entourant cette activité et qui se rapportent aussi bien à l'aspect humain ou technique de l'opération qu'aux fondementsde cette pratique et aux diverses contraintes auxquelles elle est subordonnée dans une société donnée. Pour mieux comprendre ce qu'était la traduction à cette époque, nous avons, dans un premier temps, présenté lescaract éristiques de ceux qui participèrent à cette entreprise: nous avons constaté qu'ils présentaient une grande variété — certains étaient médecins, d'autres maîtres, certains s'intéressaient à la philosophie, d'autres à l'astronomie —, fait qui, en soi, ne les distingue guère de ceux qui à l'heure actuelle se livrent à la traduction . Les «traduisants »latins et alphonsiens faisaient, quant à eux, partie du groupe des lettrés qui, au Moyen Âge, se différenciaient , par leur capacitéde lire et d'écrire, de la population en général. Or,bien qu'au XIIe et au XIIIe siècle, le seul fait d'appartenir à la classe des lettrés autorisât ces hommes à entreprendre des travauxde traduction par intérêt personnel ou pour répondre à la demande d'un responsable de l'Église ou d'un souverain, leshommes de pouvoir aimant à s'entourer d'hommes de lettres et de science chargés de mettre à leur disposition un savoir souvent difficilement accessible, est observable, entre les deux siècles, une certaine «professionnalisation » par laquelle le traducteur se voit au XIIIe siècle attribuer un statut d'expert des langues 167 CONCLUSION Ce travail, dont Ie but etait de presenter les enjeux ayant entoure la pratique traduisante au xne et au xme siec1e en Espagne, nous a permis de traiter un certain nombre de questions qui demeurent a l'heure actuelle au ca?ur de la reflexion entourant cette activite et qui se rapportent aussi bien a l'aspect humain ou technique de l'operation qu'aux fondements de cette pratique et aux diverses contraintes auxquelles elle est subordonnee dans une societe donnee. Pour mieux comprendre ce qu'etait la traduction a cette epoque, nous avons, dans un premier temps, presente les caracteristiques de ceux qui participerent a cette entreprise: nous avons constate qu'ils presentaient une grande variete - certains etaient medecins, d'autres maitres, certains s'interessaient a la philosophie, d'autres a l'astronomie -, fait qui, en soi, ne les distingue guere de ceux qui a l'heure actuelle se livrent a la traduction . Les « traduisants» latins et alphonsiens faisaient, quant a eux, partie du groupe des lettres qui, au Moyen Age, se differenciaient , par leur capacite de lire et d'ecrire, de la population en general. Or, bien qu'au xne et au XInesiec1e, Ie seul fait d'appartenir a la c1asse des lettres autorisat ces hommes a entreprendre des travaux de traduction par interet personnel ou pour repondre ala demande d'un responsable de I'Eglise ou d'un souverain, les hommes de pouvoir aimant a s'entourer d'hommes de lettres et de science charges de mettre a leur disposition un savoir souvent difficilement accessible, est observable, entre les deux siec1es, une certaine « professionnalisation» par laquelle Ie traducteur se voit au xme siec1e attribuer un statut d'expert des langues 167 LE TRADUCTEUR, L'ÉGLISE ET LE ROI aussi bien que des matières. C'est en particulier le cas des «traducteurs principaux» se trouvant au service d'Alphonse X. Par comparaison, au XIIe siècle, le traducteur est non pas quelqu'un qui possède obligatoirement une bonne connaissance des langues et du sujet de la traduction, mais plutôt un lettré qui, en raison de diverses circonstances, est amené à entreprendre des traductions et surtout autorisé à «signer » des écrits fondés sur les textes des Anciens revus et commentés par lesArabes. L'aspect technique des travaux, c'est-à-dire la manière d'aborder l'opération proprement dite, était en partie fonction des capacités de chaque participant, les différents types de collaboration se fondant quelquefois sur la nécessité de mettre en commun diverses ressources. Mais le fait qu'au XIIe siècle les traductions soient le plus souvent présentées comme des travaux de latinistes au détriment des intermédiaires ou...

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