In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

102 LA FORMATION À LA TRADUCTION PROFESSIONNELLE L'enseignement classique consistant à distribuer un texte dont les étudiants doivent préparer la traduction, puis à en donner un corrigé revient, en réalité, à apporter des réponses ponctuelles à des probl èmes ponctuels, ce qui n'a guère de portée didactique. En effet, il n'est pas très utile d'apprendre que tel passage d'un texte donné doit se traduire de telle manière dans une autre langue, sauf à en inférer des principes méthodologiques qui, eux, sont réplicables à une infinité d'autres textes. De plus, comme nous l'avons vu en critiquant la dénomination « texte cible », il n'existe pas une et une seule traduction idéale dont il faut se rapprocher au plus près, déterminée par la composante morpho-syntaxique du texte à traduire, mais plusieurs traductions possibles et admissibles véhiculant le même message dans la situation de communication donnée. Concrètement, une didactique de la traduction doit commencer par privilégier la compréhension du texte à traduire avant toute tentative de rédaction, même fragmentaire, dans la langue d'arrivée. Àcet effet, il est recommandé de procéder à plusieurs lectures successives du texte original en poursuivant, à chacune d'elles, des objectifs différents marquant une progression dans la compréhension. Première lecture - II s'agit d'un premier contact avec le texte, destiné à en prendre connaissance : sujet traité, genre dominant descriptif, argumentatif, prescriptif,etc. et niveau de spécialisation tant linguistique que thématique. Deuxième lecture - L'intérêt porte sur la structuration du texte : cohésion interne et progression. À cet égard, le repérage des isotopies joue un rôle déterminant et permet la mise en évidence du ou des fils conducteurs du texte. Troisième lecture - Le but est de repérer les difficultés pour porter une attention particulière à leur résolution. On remarque que les difficultés ne sont pas inhérentes au texte, mais apparaissent dans la relation entre le texte et le traducteur. En traduction spécialisée, les difficultés sont principalement d'ordre notionnel . Letraducteur n'a souvent que des connaissances superficielles ou confuses dans diverses disciplines, qu'il doit préciser et compléter par le biais de recherches documentaires. Il a aussi intérêt à explorer l'ensemble du texte à traduire à la recherche de reformulations FORMATION À LA TRADUCTION SPÉCIALISÉE 103 explicatives ou définitoires venant éclairer la significationde termes qu'il ignore (Durieux, 1999). C'est une approche beaucoup plus profitable que la consultation de dictionnaires bilingues à la recherche de correspondances de termes ignorés. En effet, l'adoption de correspondances fournies par des dictionnaires bilingues conduit à intégrer dans la traduction des termes choisis de façon arbitraire, sans certitude de la pertinence de leur usage dans le contextelinguistique et thématique concerné. Il y a en quelque sorte anticipation du pouvoir-dire du traducteur par rapport à l'appréhension du vouloir-dire de l'auteur du texteoriginal, avec tous les risques que cela comporte. 5. Exemple d'application À titre d'exemple, prenons un bref extrait d'un exposé technique de vulgarisation relevant du domaine de l'écologie. Le choix du thème a été motivé par le caractère transfrontièrede la préoccupation à l'égard de la sauvegarde de l'environnement. En outre, il existe une abondante littérature publiée sur le sujet, en tout cas dans les langues européennes. Comme la traduction est considérée comme un acte de communication , il importe de préciser, pour tout texte à traduire, les paramètres de la situation de communication dans laquelle se trouve le traducteur afin de simuler au plus près les conditions de travail de la vie professionnelle et d'y préparer ainsi les apprentis traducteurs. Dans le cas de cet extrait, le texte est tiré d'un article sur l'eutrophisation paru dans une revue française de vulgarisation. Il reste à imaginer dans quelle revue du même type sa traduction pourrait être publiée dans la culture d'accueil. Cette finalité, bien que fictive dans des conditions d'enseignement, est indispensable car elle permet de tracer le profil des lecteurs potentiels et de choisir les formulationsen fonction des destinataires et de la politique éditoriale de la revue en question : ton, style, registre de langue, etc. Voici l'extrait proposé : Le phosphore est l'agent le plus important de l'eutrophisation...

Share