In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

PRÉFACE Phénomène typique du XXe siècle, la mondialisation se caractérise par le rétrécissement de l'espace, la contraction du temps, l'abolition des frontières. Concrètement, la mondialisation, c'est la rapidité accrue des moyens de transport, la mobilité des individus, le rapprochement des peuples. C'est encore la multiplication des forums internationaux, l'intensification des échanges entre spécialistes, la concertation entre les États. C'est aussi l'intégration grandissante des économies nationales, des marchés, des technologies, voire des idées et de certains produits culturels. En un mot, la mondialisation, c'est l'avènement du village planétaire qu'avait annoncé l'essayiste canadien Marshall McLuhan. Mais tous ceux qui président aux destinées de ce gros village ne parlent pas la même langue. Ses têtes dirigeantes, ses fonctionnaires internationaux , ses spécialistes multiplient les palabres diplomatiques, politiques, économiques et, pourtant, ils se comprennent. Tout au moins, il leur est possible de communiquer entre eux. C'est que, le besoin créant l'organe, la mondialisation a donné naissance à une nouvelle profession : l'interprétation de conférence. Bien que l'interprétation existe depuis des millénaires et soit apparue, selon toute vraisemblance, en Mésopotamie, l'interprète de conférence est une figure du xxe siècle qui a fait son apparition en Europe, plus précisément à Paris, lors de la première conférence multilat érale d'envergure, la Conférence de la Paix de 1919. C'est du moins la thèse que défend l'auteur du présent ouvrage. (Ildiverge d'opinion sur cepoint avec certains auteurs qui font remonter l'origine de la profession au Congrès de Berlin de 1878.) L'interprétation de conférence aurait donc à peine 80ans. C'est une jeune profession qui n'existait pas avant la fin de la Première Guerre mondiale. Elle a fleuri sur le tombeau de la langue diplomatique unique. En Occident, le français NAISSANCE DE L INTERPRETATION DE CONFERENCE du puissant et prestigieux Roi-Soleil avait, auXVIIIe siècle, délogé le latin comme langue de la diplomatie. Il est ironique que ce soit à Paris même que le français ait perdu son statut privilégié de langue des diplomates. L'interprétation de conférence place désormais toutes les langues sur un pied d'égalité. C'est en quelque sorte une profession au service de la démocratie, du respect de la diversité linguistique. Le présent ouvrage décrit dans un style efficace les origines et les particularités de l'interprétation de conférencequi s'exerce selon deux modes principaux : consécutif et simultané. Cette étude aurait d'ailleurs pu s'intituler : Des blocs-notes aux cabines d'interprétation. Douée d'un don exceptionnel pour les langues, la personne qui prête sa voix et son talent linguistique aux chefs d'État et aux membres des délégations officielles dans les rencontres internationales rend possible les pourparlers dans le domaine des relations multilatérales et favorise la recherche de solutions pacifiques à tous genres de désaccords. Ce n'est plus un diplomate ou un émissaire, comme l'était l'interprète d'autrefois, mais un spécialiste de la communication relayée. Outre sa grande lisibilité, une des principales qualités, et non la moindre, de De Paris à Nuremberg : naissance de l'interprétation de conférence est d'être fondé sur des sources originales. Il suffit de consulter sa riche bibliographie pour s'en convaincre. Cet ouvrage se démarque de beaucoup d'études consacrées à l'histoire de la traduction ou de l'interprétation qui ne s'appuient pas suffisamment, hélas! sur des sources fiables, sur des recherches minutieuses effectuées selon les règles de l'art historiographique. Il est de moins en moins acceptable au stade actuel des recherches en histoire de la traduction de publier des ouvrages entiers ne comportant aucune référence à des documents authentiques. Pour produire un travail historique avec toute la rigueur scientifique que cela exige, l'historien ne saurait se satisfaire d'études de seconde main, de ouï-dire. L'histoire, la vraie, s'écrit avec des documents . C'est une loi du genre. Et cela, Jésus Baigorri l'a très bien compris, lui qui est historien de formation. Comme tout bon historien, il s'est d'abord fait « d...

Share