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Rome et le Vatican 337 dirigera a compter de 1920. Bourassa ecrit dans Le Devoir du 9 novembre 1920: On ne saurait trop repeter que la lutte pour la langue et la culture francaises, legitime en soi, n'est qu'accessoire et subordonnee a la lutte pour la foi et le droit paternel. On ne saurait trop redire que la langue francaise et les traditions canadiennes -fran9aises doivent etre conservees surtout parce qu'elles constituent de precieux elements de 1'ordre social catholique. Certains defenseurs tres ardents de la langue semblent 1'oublier; ou du moins leurs activites un peu etroites tendent a obscurcir ces notions dans 1'esprit du peuple. Pensait-il alors a Olivar Asselin qui avait des vues personnelles sur la question scolaire ontarienne? Ce dernier affirme : « Par elle-meme cette question n'a, quoiqu'on en disc, aucun caractere religieux. Elle interesse les CanadiensFran9ais catholiques, mais comme Francais, non comme catholiques »(Asselin). L'annee suivant les prises de positions nationalistes singulierement independantistes (1922) de L 'Action fmnc,aise, Bourassa a manifestement evolue, marque de surcroit par 1'encyclique recente Ubi Arcano Dei sur le nationalisme . II fait des distinctions : Faire de la patrie une folie, mentir pour flatter sa patrie et ses compatriotes, chercher la grandeur de la patrie dans le triomphe de 1'iniquite, alimenter 1'amour de la patrie par la haine de 1'etranger ou de 1'ennemi, ce n'est pas du patriotisme chretien, ce n'est meme pas du patriotisme tout court; c'est de la sauvagerie (Bourassa, 1923a, 9). La position la plus claire et la plus consistante de Bourassa sur ces questions a ete formulee le 23 novembre 1923 devant 1'Association catholique des voyageurs de commerce : « n'oublions jamais que nos devoirs de catholiques priment nos droits nationaux, que la conservation de la foi, 1'unite de 1'Eglise, 1'autorite de sa hierarchic importent plus que la conservation de n'importe quelle langue, que le triomphe de toute cause humaine ». II va jusqu'a dire : N'oublions pas que si nous avons survecu commepeuple, si nous vivons encore, avec nos families, nos traditions, notre langue, avec nos souvenirs et nos esperances , ce n'est pas a la France ni a 1'Angleterre que nous le devons; c'est a 1'Eglise d'abord, j'oserais dire a 1'Eglise seule. Le parlementaire et journaliste a la logique imposante sait bien qu'il lui faut expliquer la position universaliste de 1'Eglise : « L'Eglise reconnait toutes les 338 Constructions identitaires et pratiques sociales patries et toutes les formes de gouvernement, les droits de tous les peuples; elle tolere tous les nationalismes legitimes mais elle ne se rapetisse a la mesure d'aucun, elle ne serajamais nationaliste. Jamais, elle n'a etc, ne sera 1'Eglise nationale d'aucun peuple, I'instrument de domination d'aucun empire ». La clarte du propos vient avec la conclusion, application du principe : « Ne demandons pas a 1'Eglise d'etre franfaise au Canada; soyons certains qu'elle n'y sera ni anglaise, ni irlandaise » (Bourassa, 1923b, p. 867-868). Ces prises de positions depuis 1918 et 1923 permettent de comprendre que Bourassa, au retour de son audience de 1926 avec Pie XI et I'annee meme de la condamnation de L 'Action franc,aise de Paris, ait pu affirmer plus tard que cette rencontre avait ete «la meilleure et la plus forte lecon de [sa] vie » (Bourassa, 10 mai 1935). L'audience de 1926 est chez Bourassa 1'aboutissement d'un abces diagnostique vers 1918 et le point de depart d'un militantisme antinationaliste qui trouvera une reactualisation dans ses interventions sur le mouvement sentinelliste en Nouvelle-Angleterre (Bourassa, 1929) et dans ses articles d&Devoir de 1935, ecrits pour faire contrepoids sinon piece aux JeuneCanada du « Maitre chez nous » de decembre 1932 (Bourassa, 1935). Conclusion L'ultramontanisme est au cceur de la culture religieuse du Canada francais et du Quebec. Cette position signifie non seulement que Rome est le referent par excellence de la doctrine et des pratiques catholiques, mais qu'on adhere au principe fondamentalde rultramontanisme, la hierarchie des fins, la croyance selon laquelle le ciel est superieur a la terre, 1'Eglise a 1'Etat, le pouvoir religieux au pouvoir civil, la foi a la raison, la foi a la langue ou a la culture. Le Canada fran?ais a forge son ultramontanisme au feu de 1848, en faisant une doctrine pure, sans scories, sans ambiguite. Rome que des zouaves canadiens...

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