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CHAPITRE 4«ARTEM» POUR «ARTTIMISKAMING» La discussion qui a précédé présente un profil général des centres culturels. Il permet de distinguer les étapes à partir desquelles l'Ontario français a posé les jalons de sa modernisation. Les années 1950 et I960 marquent un temps de rupture avec l'identité patrimoniale canadienne-fran- çaise. Puis vient, au courant des années 1970, la prise de conscience d'une francité renouvelée, orientée vers la prise en charge par le milieu. Depuis quelques années, l'identité franco-ontarienne a pris un nouveau tournant; le collectivisme tel qu'il a pris forme au sein du mouvement d'animation culturelle a été remplacé par une tendance vers l'individualisation des pratiques sociales, favorisant ainsi le découpage de l'espace francophone. Comment le centre culturel s'est-il alors transformé dans une collectivit é traversée par la modernité? Un premier niveau d'analyse a permis de présenter une vision globale du phénomène et de dégager certains éléments qui donnent une direction au mouvement. Un deuxième niveau d'analyse, par la présentation de quatre études de cas, permettra d'observer dans quelle mesure le centre culturel constitue une réponse particulière, formul ée localement par les acteurs francophones face à la modernité. Comment, de fait, le processus de rationalisation de l'identité conduit-il au développement d'une communauté moderne aux fondements renouvelés? Comment, plus largement, s'actualise la production d'un espace spécifiquement francophone au sein des collectivités locales ? J'ai cherché à refléter, par le choix des monographies qui suivent, la gamme de modèles que présentent les centres culturels et la diversité des milieux dans lesquels ils sont actifs. Certains centres font figure de généra- 100 ARTISANS DE LA MODERNITÉ listes, alors que d'autres se sont davantage spécialisés. De même, certaines des collectivités francophones ont davantage conservé leurs frontières traditionnelles , alors que d'autres ont une structure organisationnelle plus éclatée. Les monographies sont présentées à partir de cinq thèmes: l'urbanisation en contexte minoritaire, l'orientation des pratiques sociales mises de l'avant par le centre culturel, la bureaucratisation de l'association, l'encadrement des relations sociales dans une structure associative et, enfin, la reconstruction d'une communauté de langue localement . Les études décriront plus spécifiquement le centre culturel ARTEM à New Liskeard, dans la région du Timiskaming ontarien, le centre La Ronde à Timmins, dans le district de Cochrane, le centre «Les trois p'tits points...» à Alexandria, dans le comté de Glengarry, et, enfin, le Mouvement d'implication francophone d'Orléans (MIFO) à Orléans, dans la région d'OttawaCarleton . Présentons tout d'abord le centre culturel ARTEM, dans le Nord-Est ontarien2 . Il est situé dans une région rurale à l'intérieur de laquelle les francophones représentent un peu moins du tiers de la population totale. Le centre culturel s'est donné une vocation artistique et fonctionne, pour l'instant, de façon relativement informelle.Voyons le cheminement qu'il a suivi depuis sa formation. Comment participe-t-il localement au développement de la collectivité francophone? Quelques précisions touchant les origines et l'enracinement de la collectivité francophone de la région préc éderont l'examen des rouages internes du centre culturel et de son rapport à la communauté. La francophonie de New Liskeard Rappelons d'abord que le développement des régions septentrionales de l'Ontario est étroitement lié au développement des grands réseauxferroviaires et à la prospection. Ainsi, le gouvernement canadien amorcera, à l'époque de la Confédération, une série de travaux visant à établir un réseau de communication qui irait de l'Atlantique au Pacifique. La construction du Canadien Pacifique (CPR) entre 1881 et 1885 permettra de rejoindre les deux rives du pays ; c'est ainsi que se développeront les villes de North Bay, de Sudbury et de Chapleau en Ontario, de même que divers villages dans cette région. Le National Transcontinental, commencé en 1905 et surnomm é le Grand Tronc, reliera Moncton et Winnipeg en 1915, traversant ainsi l'Abitibi, au Québec, et la Ceinture d'Argile, dans le nord de [18.119.105.239] Project MUSE (2024-04-25 11:50 GMT) ARTEM 101 l'Ontario. Afin de rediriger le trafic transcontinental vers Toronto et le sud de la province...

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