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Dans le cadre d’un processus complexe de transition à la démocratie, Haïti vit une profonde crise institutionnelle qui, dans ses expressions pluridimensionnelles , se situe dans une trajectoire d’épuisement et de difficile renouvellement du système socio-économique et politique. Elle charrie les conséquences de la longue dictature des Duvalier et aussi les vicissitudes des deux décennies de luttes sociales et politiques. Ces facteurs, avec comme toile de fond l’accentuation de la détérioration socio-économique, ont dégradé le tissu démocratique, brisé l’élan participatif de la population et contribué à déstructurer l’économie et la société en général. La Toile de Fond D’entrée de jeu, je ferai ici trois considérations : l’ampleur de la pauvreté et de l’exclusion, la nature politique de la conjoncture actuelle et le caractère de la longue transition ouverte en 1986. La pauvreté et l’exclusion L’ampleur de la pauvreté et de l’exclusion est intolérable. Même si l’apparente froideur des indices de services de base ne révèle pas pleinement la réalité violente que vit au quotidien une grande partie de la population haïtienne, ces chiffres ne permettent à personne d’escamoter l’ampleur du phénomène de la pauvreté.Ils ont comme corollaire le phé111 La difficile sortie d’une longue transition SUZY CASTOR Conclusion A version of this chapter was delivered as an address on October 4, 2005, and was updated following the presidential elections of February 7, 2006. 08_castor.qxd 2006/04/11 11:00 AM Page 111 nomène de l’exclusion qui tend à s’accroître, affectant de plus en plus des milliers d’Haïtiens et d’Haïtiennes qui affrontent au quotidien l’absence des éléments essentiels qui permettent à tout individu de vivre et de s’épanouir moralement et physiquement au sein d’une société (50 % de la population n’a pas accès à l’eau potable; 80 % de la population rurale vit au-dessous du niveau de pauvreté absolue). Cette situation insère en elle-même une violence qui peut être explosive. Des situations semblables se retrouvent dans bon nombre des pays du Tiers Monde, mais il y a une grande différence : tandis que partout ailleurs il existe des poches plus ou moins étendues de pauvret é, en Haïti elle affecte le plus grand pourcentage de la population où près des deux tiers vivent au dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est d’autant plus inquiétante que depuis des décennies on peut parler d’un développement bloqué. La nature politique de la conjoncture La conjoncture actuelle est éminemment politique, et la résolution de la question de la direction politique acquiert un poids insoupçonné. L’archaïsme du système politique et l’incapacit é de l’Etat à remplir ses fonctions projette de façon évidente la nécessité de la modernisation de l’Etat et du système politique. Cela se doit non seulement à cause du rôle qu’a toujours joué l’Etat dans la structuration de notre société mais aussi parce que la sortie de cette crise passe par le renforcement des structures d’Etat et de l’institutionnalisation, le fonctionnement des partis politiques, l’organisation de la société civile, l’existence d’une citoyenneté pour tous et la volonté politique nécessaire pour entreprendre les réformes indispensables pour la construction de la nation. Les problèmes de santé, d’éducation, d’infrastructures, de logements, de lutte contre la pauvreté, etc. ne peuvent être considérés seulement sous les aspects techniques ou sociaux en dehors du politique. Seul un leadership constitu é et organisé sera capable de donner confiance à la population et de propulser les valeurs d’efficacité, de solidarité humaine et d’intérêts collectifs, ainsi qu’un projet national indispensable pour la cohérence même de n’importe quelle action dans ces domaines. Le caractère de la longue transition La transition ouverte en 1986, domin ée en grande partie par le régime Lavalas, évolua d’un grand enthousiasme vers le désenchantement. De façon évidente elle n’a pas atteint les objectifs indispensables recherchés dès le début : l’institutionnalisation démocratique, la consolidation de l’Etat de droit, la diminution des inégalités socio-économiques et le démarrage économique. De là, la polarisation de certaines...

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