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Reviewed by:
  • Rétablir l'ordre : Peur, méfiance, haine des minorités culturelles et sexuelles dir. by Denise Helly
  • Frédéric Boily
Denise Helly, (dir.). Rétablir l'ordre : Peur, méfiance, haine des minorités culturelles et sexuelles. Québec: INRS, 2021. 362 pp. Annexes. ISBN 978-2-9819770-0-7.

Ce collectif, dirigé par la sociologue Denise Helly, est le fruit d'une collaboration entre plusieurs chercheurs provenant d'horizons disciplinaires variés et, pour certains auteurs, de milieux non académiques. Un policier et deux auteurs rattachés au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence sont en effet parmi les signataires de textes. Voilà qui confère au collectif une facture particulière, des textes étant des analyses de l'idéologie d'extrême droite alors que d'autres reposent sur des entretiens. De plus, ils ne partagent pas forcément les mêmes objectifs, certains étant campés dans l'analyse, d'autres ayant des visées pratiques. Le collectif fait en quelque sorte le pont entre la sociologie, la criminologie ainsi que la pratique afin d'examiner les « formes » d'hostilité développées contre les minorités culturelles et sexuelles. Par conséquent, le lecteur pourra se sentir davantage à l'aise avec certaines contributions qu'avec d'autres.

Ainsi, les textes de Brieg Capitaine sur le Christian Heritage Party et de Frédérick Nadeau sur la Fédération des Québécois de souche (FQS) développent une analyse basée sur une lecture attentive des propos retrouvés sur internet et d'une revue Le Harfang. Brieg Capitaine commence par identifier comment le parti présente les sources du mal (étiologie, 51) avant de terminer avec l'examen des solutions (axiologie) envisagées. Quant au texte de Frédérick Nadeau, il offre une analyse fouillée des textes de la FQS, appuyée sur une réflexion à propos de l'extrême droite. Il apporte des observations fort importantes, celle que l'islamophobie n'est pas forcément aussi dominante que l'on croit, du moins pour ce groupe, et que la judéophobie n'est jamais très loin. Il invite à repenser les rapports entre islamophobie, judéophobie et immigration. Les deux textes suivants opèrent avec des démarches méthodologiques différentes. Ils montrent le « biais de complaisance » (texte de Richard Y. Bourhis, 134), notamment à propos du « p'tit Bissonnette » (159), comme est appelé Alexandre Bissonnette, l'auteur de l'attaque contre la Mosquée de Québec, par une participante de l'étude de Maryse Potvin et de Stéphanie Tremblay. Cette étude est intéressante parce qu'elle repose sur un matériel empirique de 7 participants de 66 à 87 ans. Ce sont des discussions qui permettent de prendre le pouls d'un groupe de citoyens, de voir ce qu'ils disent et de saisir l'évolution de leur propos, ce que ne permettent pas vraiment les sondages. Le texte montre ce que Potvin et Tremblay nomment « l'euphémisation de l'attentat » (161).

Le texte d'Aurélie Girard et de Benjamin Ducol insiste sur une autre dimension, normative celle-là, qui concerne la détermination des actes haineux, tout comme celui de Grégory Gomez del Prado et d'Alexandre Berlad qui s'intéresse à la question du codage des actes haineux par les policiers. La question soulevée par ces deux [End Page 137] textes est celle de savoir à quel point les événements et les crimes haineux sont vraiment répertoriés par les autorités. Et, éventuellement, de savoir s'ils ne sont pas plus nombreux qu'on le croit. Ce dernier texte montre bien qu'il n'est pas si simple de catégoriser certains actes comme étant haineux, notamment en raison de quelques erreurs de la part de policiers. Un point à noter : selon eux, les événements haineux concernant le catholicisme, qui sont en hausse (232), seraient cependant à relativiser parce qu'il s'agirait de « crimes d'occasion [plutôt] que des crimes motivés par la haine du catholicisme » (234). En même temps, on peut se demander s'il...

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