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Reviewed by:
  • Slave Revolt on Screen: The Haitian Revolution in Film and Video Games by Alyssa Goldstein Sepinwall
  • Julianna Blair Watson
Sepinwall, Alyssa Goldstein. Slave Revolt on Screen: The Haitian Revolution in Film and Video Games. Jackson, University Press of Mississippi, 2021. ISBN 9781496833112. 339 p.

Slave Revolt on Screen met en avant-scène un épisode historique que les médias visuels ont trop souvent occulté ou représenté de façon réductrice: la révolution haïtienne. Procédant d'une analyse de films et de jeux vidéo d'artistes américains, européens, haïtiens et caribéens, l'ouvrage se veut une étude exhaustive dont l'objectif est de (ré)introduire la révolution haïtienne au sein de conversations contemporaines relatives à la mémorialisation de l'esclavage, afin de repenser sa représentation, ou plutôt son absence, à l'écran. Professeure d'histoire à l'Université d'État de Californie à San Marcos, Alyssa Goldstein Sepinwall souligne de manière experte les diverses façons dont la révolution de 1791–1804 a été réduite au silence, et dont certains artistes interrogent et/ou subvertissent les représentations existantes, souvent avec peu de ressources à leur disposition. L'auteure analyse de manière également approfondie ces représentations, en relation avec l'histoire, les archives, la production et la réception de films et de jeux vidéo, ainsi que des supports divers, dont des médias non-traditionnels tels Twitter et YouTube. Son objectif: exposer les récits dominants qui conditionnent la représentation de cette révolution dans la recherche historique, cinématographique, vidéoludique et haïtienne, pour ensuite briser les frontières académiques délimitant ces mêmes domaines. Son analyse riche entend ainsi "rectifier […] les iniquités [structurelles]" (18–19)6 ayant placé dans l'ombre ce moment historique unique, en lui apportant une visibilité plus complexe.

L'introduction de Slave Revolt on Screen indique clairement qu'en dépit du fait que son objet d'étude soit un événement historique, ce livre s'intéresse [End Page 221] peu à l'exactitude factuelle des représentations. Il interroge plutôt les récits "qui déshumanisent les révolutionnaires ou aseptisent le colonialisme" (10)7 ainsi que ceux, plus réussis, qui ajoutent à notre compréhension de cet événement, au lieu de le déformer davantage. L'auteure s'appuie notamment sur la conceptualisation de l'"impensable" de la révolution par Michel-Rolph Trouillot, pour qui le racisme antinoir aurait rendu inimaginables des révoltes d'esclaves—ce que Sepinwall relie habilement aux "échecs de la narration" (6)8 de cet événement. En extrapolant les formules "d'effacement" et "de banalisation" de Trouillot (Sepinwall 24), l'auteure caractérise ces récits problématiques comme réduisant au silence l'événement. De tels effacements se font ressentir dans des films comme Burn! (1969, Italie), qui dépeignent une révolution qui ne pourrait réussir qu'avec l'aide des Blancs et relèguent ainsi les Haïtiens aux marges de leur propre histoire. Quant aux banalisations de la révolution, de telles représentations se focalisent souvent sur le rôle des "Blancs amicaux" (6).9 Une autre formule, qui s'ajoute à celles déjà évoquées, dresse un portrait des Haïtiens comme primitifs, arriérés ou sauvages, comme dans L'Empereur Jones (1933, États-Unis).

Ce choix de représentation s'accompagne souvent d'une réticence à dépeindre l'agentivité et les perspectives haïtiennes, par exemple dans Égalité for all (2009, États-Unis) qui relie la révolution haïtienne à celle de 1789. Inversement, les récits qui, selon l'auteure, élargissent notre compréhension de la révolution montrent explicitement la brutalité de l'esclavage tout en permettant aux Haïtiens de raconter leur histoire avec leurs propres mots, comme dans Toussaint Louverture: par devoir de mémoire (2003, Haïti), Black Dawn (1978, États-Unis) et Assassin's Creed: Freedom's Cry (2013, Canada). D'autres représentations également plus nuancées, comme celle de Tula: The Revolt (2013, Curaçao), offrent des "personnages pleinement r...

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