Rethinking New Acadia: Recent Interpretations of the Acadians' Dispersal and Arrival in Louisiana by Michael S. Martin (review)

Trente-cinq ans après sa parution, l'ouvrage de Carl Brasseaux intitulé The Founding of New Acadia (1987) continue d'influencer les chercheurs et chercheuses qui se penchent sur la diaspora acadienne et son implantation en Louisiane. Cette influence est manifeste dans Rethinking New Acadia. L'ouvrage, qui rassemble les contributions de John Mack Faragher, Jean-François Mouhot, Shane Bernard, Donald J. Arceneaux, Mark Rees et Daniel J. Usner, offre cependant de nouvelles perspectives liées à la recherche récente. Ce collectif, issu d'un colloque organisé en 2015 par le Center for Louisiana Studies à Lafayette, atteste du fait que certains projets de recherche d'archives et d'archéologie fournissent de nouvelles pistes sur la Déportation des Acadiens et leur arrivée en Louisiane, du milieu jusqu'à la fin du dix-huitième siècle.

John Mack Faragher, Jean-François Mouhot et Daniel J. Usner s'intéressent en particulier aux décisions et à la participation des Acadiens exilés dans leurs relations coloniales pendant et après la guerre de Sept Ans (qui a opposé la Grande-Bretagne et la France dans les colonies nord-américaines entre 1754 et 1763). Pour commencer, Faragher compare l'expulsion des Acadiens à celle des autochtones dans le contexte du Indian Removal Act (1830), mettant en lumière des documents dans lesquels la Déportation est mentionnée par des politiciens et écrivains américains engagés de chaque côté du débat sur le déménagement forcé des autochtones. Faragher soutient qu'avant leur déracinement, les Acadiens et les Cherokees étaient des sociétés "offrant des voies alternatives pour le 'settler colonialism' en Amérique du Nord,"³ de par leurs poursuites d'autonomie (4). En même temps, il montre que cette capacité à négocier n'a pas protégé ces peuples mais a mené au contraire à leur "destruction" (5). Certes, ces tragédies qui ont bouleversé le mode de vie des Acadiens et des Cherokees ont pris la forme d'épreuves physiques et économiques, causant ainsi des traumatismes collectifs. Néanmoins, il est aussi important de considérer la résilience de ces peuples, qui continuent aujourd'hui de lutter pour sauvegarder leur identité, tissée de l'expérience d'une expatriation violente.

Pour sa part, Mouhot présente une analyse détaillée des décisions et des actions des Acadiens face aux pouvoirs impériaux. Il expose ainsi les choix des Acadiens et ceux des autorités politiques françaises aux moments de leur arrivée, de leur implantation et de leur départ de la France. Devant l'affirmation d'Ernest Martin que les Acadiens ne se sont pas réintégrés en France à cause de leur sentiment d'appartenance à une culture distincte, Mouhot soutient que leurs expériences étaient plus complexes à cause de l'absence d'une identité nationale avant la Déportation. Il souligne que les décisions des déportés et celles des dirigeants politiques en France ont eu des conséquences sociales et économiques différentes pour les exilés. Quelques Acadiens ont choisi de partir vers d'autres colonies à cause des objectifs ou des "erreurs" du gouvernement, alors que d'autres familles sont demeurées en France (30). Mouhot conteste la conception de l'identité nationale proposée par Naomi Griffiths, mais il peut être utile de considérer ses propos à la lumière de la position plus récente de Gregory Kennedy qui affirme, dans Something of a Peasant Paradise? (2014), que les Acadiens pré-Déportation avaient une identité non pas nationale, mais tout de même distincte à cause de leur mode de vie, leur expérience des guerres, leurs échanges économiques et politiques avec d'autres sociétés et le développement de leurs propres lois et traditions.

Comme Faragher et Mouhot, qui...