Abstract

Résumé:

Parmi les romans de Jules Verne, Le Château des Carpathes (1892) se distingue par l'omniprésence du thème de la mort et sa déclinaison sous trois formes. Tout d'abord, à travers le personnage de Rodolphe de Gortz, aristocrate roumain vivant en reclus dans son château gothique, Verne met en scène l'alliance du dandy et du vampire, opérant la fusion de deux archétypes du XIXe siècle qui avaient trop de points en commun pour ne pas finir par s'amalgamer. La dynamique parasitaire du couple formé par Rodolphe et la Stilla, chanteuse d'opéra morte sur scène puis ressuscitée par son persécuteur fanatique, fera l'objet de la seconde perspective sur la mort. Une relecture du livre Rising Star: Dandyism, Gender, and Performance in the Fin de Siècle, de Rhonda K. Garlick, dans lequel est examiné l'évolution du couple du dandy et de la diva, et de l'essai de Walter Benjamin L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, permettra d'analyser les enjeux de la momification opérée par Rodolphe pour immortaliser la voix de la prima donna et la faire remonter sur scène exclusivement pour lui et ad vitam æternam. Troisième et dernier angle, un exercice d'intertextualité montrera combien Le Château des Carpathes, en dépit de son originalité, illustre un amour de la mort en résonance avec la sensibilité décadente de son époque.

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