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Reviewed by:
  • The Moment of Liberation in Western Europe. Power Struggles and Rebellions, 1943–1948 by Gerd-Rainer Horn
  • Danielle Tartakowsky
Gerd-Rainer Horn, The Moment of Liberation in Western Europe. Power Struggles and Rebellions, 1943–1948, Oxford, Oxford University Press, 2020, 262 p.

Cet ouvrage n’est pas une histoire générale du « moment Libération » en Europe occidentale, précise l’auteur dès son introduction. Il appréhende la Libération, comprise en termes de conjoncture, comme un moment de crise et d’opportunité [End Page 147] ayant ouvert brièvement « la possibilité d’une variété de devenirs possibles » dans les pays d’Europe occidentale occupés des années durant, dès lors à l’origine d’une « expérience transnationale » que l’historiographie n’avait jusqu’alors pas abordée pour telle.

Cette « expérience transnationale » est caractérisée par « une spirale de radicalisation », fréquente s’agissant des mouvements sociaux dans ce type de circonstances. Les comités de libération, qui, sous des intitulés différant d’un pays à l’autre, ont été partout conçus pour précipiter la défaite du fascisme et la libération nationale, vont s’impliquer sur divers modes dans des pratiques destinées à asseoir une libération sociale. Gerd-Rainer Horn retraverse à tel effet l’histoire de la France et de l’Italie, mais également, quoique à moindre titre eu égard à ses spécificités en la matière, la Belgique et même, marginalement, l’Allemagne. Il étudie là les pratiques, qui localement se sont essayées à des redéfinitions des modalités du politique, marquées par des formes d’autonomie à la mesure des rapports de force locaux, spécifiques à chacun, aux fins d’une transformation sociale radicale qui érigeait à la fois pour cible le fascisme, en déroute – terme dont Gerd-Rainer Horn fait un usage générique en épousant délibérément l’approche alors dominante parmi les acteurs qu’il analyse –, mais également le capitalisme.

L’étude est à la fois thématique et chronologique. Les deux premiers chapitres, respectivement consacrés à la France et à l’Italie, abordent le rôle que les comités de libération exercent un temps à l’échelle locale et qu’ils tentent de pérenniser face à la remise en place des institutions d’avant-guerre, au risque, ici et là, d’une brève « dualité des pouvoirs » de fait. Ces chapitres accordent une importance particulière aux disparités territoriales consécutives à la coupure de la France en deux zones et à la complexité du très long processus de libération de l’Italie, en soulignant com-bien le rôle des alliés et leur présence durable complexifient là les rapports de force locaux et les négociations face au « retour à la normale ». Un troisième chapitre, pareillement consacré à ces deux États, se focalise sur l’action de ces comités de libération, dont les intitulés diffèrent, sur le terrain des entreprises, posant tout à la fois les questions de l’épuration, des limites qu’il convient ou non de lui assigner et de l’autonomie ouvrière revendiquée et brièvement mise en œuvre sur divers sites. Avec, là encore, la question de la dualité des pouvoirs. Les trois chapitres accordent une place importante à la prééminence communiste, inégale selon les échelles, aux incompréhensions face aux réorientations résultant, en Italie, de la svolta di Salerno, opérée en mars 1944 par Togliatti, et en France, consécutive au retour de Moscou de Maurice Thorez à la fin de cette même année, néanmoins suivies par la réinsertion du plus grand nombre dans une stratégie d’Union nationale.

Le quatrième chapitre, exclusivement français, est consacré à la floraison des quotidiens nés de la Libération et de l’initiative des composantes locales de la Résistance, qui toutefois s’expriment et agissent ici le plus souvent en ordre dispersé. Il montre comment l’ordonnance du 26 août 1944 est impuissante à préserver cette presse nouvelle de la loi du marché, qui bientôt condamne la plupart...

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