Abstract

Résumé:

Bien qu’il fasse désormais partie de la culture commune, le cinéma conserve une part de mystère qui contribue à la fascination qu’il exerce. L’image ne donne rien que ce qu’elle veut bien montrer : son entour est inconnu, sa profondeur demeure silencieuse. Chaque spectateur est contraint de se faire interprète de ce qu’il voit. Dans Supplément à la vie de Barbara Loden (POL, 2012), Nathalie Léger s’interroge ainsi à propos de Barbara Loden, metteuse en scène et actrice du film Wanda (1970). Elle entreprend pour cela une véritable enquête et introduit le cinéma comme objet, prétexte et support d’une Littérature de terrain, venant concurrencer la filmologie, dont le présent article analyse les caractéristiques. Ce faisant, Nathalie Léger montre que le cinéma exige un « supplément », forme littéraire ancienne dont Derrida considère qu’elle « décrit bien l’acte d’écrire » : l’image appelle la littérature. Emblématique de la fascination et de la résistance qu’oppose au spectateur l’image de cinéma, cette enquête conforte en outre l’illusion dans laquelle le cinéma américain retient le spectateur européen: celle d’un pays irréel, fréquemment connu d’abord à travers les films, et dont l’existence éprouvée ensuite semble tellement conforter l’illusion que l’on finit par douter de sa réalité même, ou n’y adhérer qu’imparfaitement.

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