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  • Le prix du travail. France et espaces coloniaux (XIXe-XXIe siècle) by Michel Margairaz et Michel Pigenet
  • Antonin Plarier
Michel Margairaz et Michel Pigenet (dir.), Le prix du travail. France et espaces coloniaux (XIXe-XXIe siècle), Paris, Éditions de la Sorbonne, « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles », 2019, 248 p.

Constatant les transformations du travail comme celles du droit qui l'encadre dans nos sociétés contemporaines, les auteurs de cet ouvrage collectif se proposent « de comprendre les dynamiques historiques à l'œuvre dans l'évolution des formes, des modalités et des systèmes de rémunération du travail sous ses différentes acceptions » (p. 5). Pour ce faire, Michel Margairaz et Michel Pigenet ont coordonné les contributions de seize chercheurs et chercheuses venant de l'histoire du travail, de l'histoire du droit, de la sociologie du travail, de l'économie, des ressources humaines [End Page 213] et du droit du travail, proposant un éclairage résolument interdisciplinaire sur leur sujet. L'ouvrage se décompose en trois parties complétées par un riche et précieux glossaire de 90 pages.

La première partie pose les concepts et formule les enjeux historiques de la rémunération du travail. Claude Didry présente dans le temps long le passage du marchandage au salariat. La persistance du marchandage s'observe durant l'ensemble du XIXe siècle, le salariat n'émergeant réellement en droit qu'au cours de la dernière décennie du siècle. Dans « Constructions et pratiques de la régulation salariale de branche (1936–1950) », Laure Machu s'intéresse à deux moments clés de la transformation des relations de travail par la généralisation des conventions collectives de branche – généralisation permise par la loi du 24 juin 1936 s'appuyant sur des premières ébauches législatives. La loi de 1915 légiférait par exemple sur le salaire des ouvrières à domicile dans le contexte particulier de la Première Guerre mondiale. L'échelle d'application des conventions collectives de 1936 est non seulement sectorielle, mais aussi locale : les ouvriers de la métallurgie par exemple ne disposent pas de la même convention à Lille et à Arras. Une typologie des systèmes de rémunération est ensuite proposée, qui considère le degré de contrainte existant entre qualification et rémunération comme le critère discriminant différents types de conventions. Dans le chapitre suivant, Jérôme Gautié met en perspective la voie française du salaire minimum en la restituant dans un environnement international. Partant des débats à propos du sweating system, forme de marchandage, l'auteur retrace les méandres de l'adoption d'un salaire minimum en 1950. À la suite de plusieurs réformes, le salaire minimum en France métropolitaine présente l'originalité de s'articuler à l'évolution des prix et des niveaux moyens des salaires. Michel Margairaz revient quant à lui dans le chapitre conclusif de cette première partie sur les politiques publiques de la rémunération du travail entre 1936 et 1982. Ces politiques ont un caractère subordonné au sens où elles dépendent aussi bien de l'état du marché du travail que des rapports de force fluctuant entre salariat et patronat. L'auteur ajoute à ces deux facteurs des politiques publiques celui de l'unité ou de la division syndicale, précisant que ce dernier paramètre dépend d'ailleurs des rapports de force précités.

Cette première partie de l'ouvrage présente l'intérêt de restituer dans une dynamique historique le cadre législatif évolutif permettant d'investir l'entre-deuxguerres et d'enjamber la Seconde Guerre mondiale, qui ne fait pas ici office de césure. Les quatre chapitres forment autant d'approches fournissant un précieux travail de repérage qui intéressera les chercheurs et chercheuses souhaitant éclaircir ces points pour leurs propres travaux. Étudiants et étudiantes des masters MEEF et autres agrégatifs et agrégatives ne manqueront pas de voir l'intérêt de...

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