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  • Les révolutions du commerce. France, XVIIIe-XXIe siècle by Jean-Claude Daumas
  • Bastien Soutjis
Jean-Claude Daumas (dir.), Les révolutions du commerce. France, XVIIIe-XXIe siècle, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, « Les cahiers de la MSHE Ledoux », 2020, 360 p.

Paru fin 2020, alors que la grande distribution fait l'objet depuis quelques années d'un regain d'intérêt médiatique sous l'impulsion de divers facteurs (préoccupations sanitaires et environnementales, consécration du commerce en ligne, résilience des filières, souveraineté alimentaire, etc.), l'ouvrage collectif dirigé par Jean-Claude Daumas vient offrir une prise de recul historique particulièrement bienvenue.

Relativement dense, l'ouvrage se compose de 360 pages qui analysent les évolutions des formes du commerce en France, depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, en trois parties et quatorze chapitres. Les contributions étudient des entreprises, [End Page 193] des concepts commerciaux ou des filières. Ces monographies proposent, chacune à leur manière, d'analyser « les métamorphoses du commerce depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, en cherchant à dégager les interactions avec les dynamiques de la consommation […] tout en se demandant si on a affaire à de véritables révolutions commerciales ou à des innovations ponctuelles » (p. 16). Les relations dynamiques entre commerce et consommation et la mesure de l'importance des changements étudiés sont ainsi au cœur de l'analyse.

La première partie revient sur un ensemble de mutations qui sont advenues entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle et qui ont semé les germes de l'expansion, de la concentration et de la modernisation de la distribution française. Le premier chapitre, rédigé par Natacha Coquery, étudie les transformations du commerce en France à l'époque des Lumières. Elle s'intéresse en particulier au rôle des foires et des boutiques dans l'accroissement et la diversification de l'offre et dans une première forme de démocratisation de la consommation et de la mode. Dans le chapitre suivant, Julien Villain étudie les boutiquiers lorrains à la même époque pour s'interroger sur les mutations du commerce dans les bourgs et les villes de petite et moyenne taille. Ensemble, ces deux premiers chapitres montrent que l'évolution du paysage commercial du XVIIIe siècle est moins marquée par une « révolution commerciale » que par des pratiques et un contexte mêlant archaïsme et innovation et par une série de changements qui laissent entrevoir les premiers signes d'une « complexification du monde des biens » (p. 55) et les prémices d'une culture de la consommation fondée sur une offre diversifiée, fréquemment renouvelée et « marketée ». La contribution de Marie Gillet s'intéresse aux évolutions du petit commerce bisontin au XIXe siècle. On constate ainsi que le XIXe siècle vient consolider les mutations évoquées au siècle précédent tout en préfigurant plus nettement le libre-service moderne à travers toute une série d'innovations, telles que le rabais et les offres commerciales, les prix uniques et affichés, la pratique de la garantie, la mise à disposition d'échantillons ou l'entrée libre. On retrouve ces innovations, passées à une tout autre échelle, dans la contribution de Jean-Claude Daumas, consacrée à l'essor des grands magasins parisiens (Au Bon Marché, les Galeries Lafayette, le Grand Bazar, le Louvre, les Magasins Dufayel) et à leur rôle dans la modernisation du commerce. Si les chapitres précédents nous ont montré les prémices de la société de consommation aux XVIIIe et XIXe siècles en province, on découvre alors dans ce chapitre l'ampleur que prend ce phénomène à Paris durant la seconde moitié du XIXe siècle et comment il a contribué à démocratiser la pratique du shopping. Les « cathédrales du commerce » tournent alors à plein régime, rendant accessible aux classes moyennes un mode de vie bourgeois qui s'unifie et s'érige en mod...

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