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  • Grammaire non sexiste de la langue française by Michaël Lessard et Suzanne Zaccour
  • Éliane Boucher (bio)
Grammaire non sexiste de la langue française, de Michaël Lessard et Suzanne Zaccour (Saint-Joseph-du-Lac, QB: M Éditeur, 2017).

Dans leur Grammaire non sexiste de la langue française1, Zaccour et Lessard présentent différentes stratégies de féminisation et de rédaction épicène. Il s'agit d'un exercice nécessaire, fort utile à quiconque souhaite porter un soin particulier à l'inclusion dans ses textes, quel que soit leur type. L'ouvrage est divisé en trois grandes parties : un préambule qui pose l'existence du sexisme inhérent aux normes grammaticales qui prévalent actuellement dans le « bon usage » français, suivi d'un inventaire des différentes manières par lesquelles il est possible de rédiger des textes inclusifs, présentées en fonction des parties du discours (nom, adjectif, déterminant, etc.) auxquelles elles se rapportent. Ces stratégies sont également présentées dans une grille d'analyse permettant de les comparer en fonction de différents critères d'utilité, et les autrices prêchent par l'exemple en employant toutes les stratégies auxquelles elles réfèrent dans l'ouvrage, fournissant ainsi de précieux exemples d'utilisation des techniques de féminisation. Finalement, les autrices proposent une série d'exercices pour mettre en pratique les concepts traités.

Pourquoi une « grammaire non sexiste »?

Les autrices rappellent tout d'abord que s'il est aujourd'hui bien acquis que « le masculin l'emporte sur le féminin », il n'en a pas toujours été ainsi. Cette règle de grammaire, que toute locutrice du français apprend dès l'école primaire, en vertu de laquelle vingt avocates et un stylo sont 'présents' dans une pièce, n'a pas toujours fait partie de notre arsenal linguistique collectif. Il s'agit en fait d'une « lutte menée par des grammairiens, des auteurs et des savants misogynes »2 qui, aux XVIII mettre en exposant [End Page 265] et XIX mettre en exposant siècles, ont « lanc[é] une offensive en règle »3 contre la présence de formes féminines dans la langue française. Des considérations misogynes purement extralinguistiques en sont donc venues à déterminer l'usage linguistique, toujours inchangé plus de trois siècles plus tard. Mais est-ce réellement le cas? L'usage est-il condamné à ne point évoluer? L'existence même de ce livre tend à suggérer le contraire. Zaccour et Lessard déboulonnent avec justesse les mythes portant sur la rédaction inclusive4 et réfutent les arguments souvent avancés par les défenderesses du statu quo, en les confrontant à leurs propres contradictions, qui montrent bien que l'origine foncièrement arbitraire et sexiste du masculin comme genre générique.

Ce préambule vient donner le ton au reste de l'ouvrage, mais il n'apprendra cependant pas grand-chose à qui s'intéressait déjà aux questions de féminisation et de sexisme linguistique. Les autrices s'appuient à très juste titre sur les importants travaux de Céline Labrosse et d'Éliane Viennot, en en reprenant les exemples les plus célèbres (« Madame le président5 »). En outre, les critiques dirigées contre le sexisme de l'Académie française6, bien que fort méritées, ne sont pas particulièrement nouvelles7. Qu'en est-il de l'usage dans les pays francophones hors-Europe, en Afrique ou en Amérique8? Les autrices font cependant un excellent travail pour synthétiser la problématique du genre dans la langue française et la rendre accessible.

Zaccour et Lessard ont choisi d'ancrer leur ouvrage sous l'angle de la « féminisation du masculin »9. Les stratégies de rédaction mises de l'avant visent donc surtout la valorisation des formes féminines des substantifs à l'aide notamment de divers marqueurs typographiques, plutôt que de privilégier le recours à des formes épicènes (non genrées). Il importe de rappeler que la...

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