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Reviewed by:
  • Cinema of Pain: On Quebec's Nostalgic Screen by Liz Czach et André Loiselle
  • Germain Lacasse
CINEMA OF PAIN: ON QUEBEC'S NOSTALGIC SCREEN
Sous la direction de Liz Czach et André Loiselle
Waterloo, ON : Wilfrid Laurier University Press, 2020, 259 pp.

Ce livre, paru récemment, est une étude érudite et raffinée dont la lecture est importante pour tout spécialiste ou étudiant du cinéma québécois. L'ouvrage traite de la nostalgie, qu'il nous présente comme un trait majeur de cinéma québécois contemporain. Il étudie cette notion comme un élément récurrent et même caractéristique dans les nombreux débats identitaires qui se sont multipliés au Québec depuis le référendum de 1995.

L'introduction nous présente d'abord un résumé des écrits théoriques récents sur la question de la nostalgie. Le plus cité est l'ouvrage de Svetlana Boym (The Future of Nostalgia, 2001) dont on nous présente les notions fondamentales : la nostalgie restauratrice et la nostalgie réflexive. La première est une tentative de reconstitution d'un foyer perdu, elle est mémorielle et traditionnelle, elle inspire des récits d'origine et de conservation ; la seconde, la nostalgie réflexive, exprime et explore ce sentiment de diverses façons et suscite des récits sur le déplacement dans l'espace et le temps. La variété restauratrice est liée à un récit national plutôt redondant, tandis que le mode réflexif en présente diverses approches interrogatives. Ce second mode est plus prégnant, mais le premier y est assez souvent enchâssé, les deux s'ajoutant souvent pour constituer la douleur dont il est question dans le titre du livre (Cinema of Pain).

Le premier chapitre, « Landscape, Trauma, and Identity » (par Kester Dyer) élabore une analyse complexe et détaillée du film de Simon Lavoie Le Torrent (2012). L'oeuvre raconte l'enfance d'un garçon rendu sourd par les violences de sa mère, mais qui demeure singulièrement sensible au bruit d'une cascade. Après la mort de sa mère, il achète d'un colporteur une jeune femme innue nommée Amica dont il fait sa compagne, qu'il finit par confondre avec sa mère, confusion rendue plus explicite par l'utilisation d'une seule comédienne. L'auteur de l'article traite cette intrigue très oedipienne selon une approche politique et métaphorique. Il élabore son analyse entre deux pôles conceptuels, la mélancolie et la nostalgie, et plusieurs films qu'il compare à celui de Lavoie. Il mène à la conclusion que le film témoigne des tensions identitaires entre l'époque du Québec colonisé par les Français, eux-mêmes colonisés ensuite par les Britanniques, et redevenus plus tard colonisateurs des autochtones. [End Page 121]

Le deuxième chapitre, « The Quebec Heritage Film » (par Liz Czach), étudie plusieurs films : Ma vie en cinémascope (Denise Filiatrault, 2004), Maurice Richard (Charles Binamé, 2005) et Louis Cyr : l'homme le plus fort du monde (Daniel Roby, 2013). Elle associe ces oeuvres à un genre international apparu en Angleterre vers 1980 et qui a connu un développement important au Québec et ailleurs. Elle écrit qu'en étant ancrés dans le passé ces films deviennent un obstacle à l'éclosion d'une identité québécoise nouvelle et maintiennent la figure du Québec comme victime pour l'enseigner aux néo-québécois et maintenir l'identité nationale ancienne. Ce chapitre est peut-être le plus pertinent dans un ensemble néanmoins fort perspicace. Czach présente son jugement sans détour et convoque pour l'appuyer les écrits de Jocelyn Létourneau, détesté par l'intelligentsia québécoise pour son rejet du souverainisme. Ici se profile peut-être la réponse à la question posée dans l'introduction du livre : pourquoi aucun auteur du Québec n'a proposé de texte pour ce recueil ? La douleur présente dans le titre (Cinema of Pain) vient peut-être de l'abcès dont...

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