Abstract

Résumé:

Dans son roman Parabole du failli (2013), le poète et romancier Lyonel Trouillot rend hommage à son ami disparu, le célèbre comédien haïtien Karl-Marcel Casséus dont il fait ici un poète, médiateur d'un espace imaginaire. Sous son inspiration, l'espace réel, confiné et étriqué, se transforme en un terreau malléable retravaillé par des fragments de poèmes et des imaginaires littéraires et poétiques situés au confluent de plusieurs cultures. Cette relation entre l'homme et l'espace, construit, vécu, ou imaginé, se trouve ici mobilisée par la parabole comme motif primordial de la fiction et allégorie de la condition du poète et du sens de l'existence. A la lumière des récentes théories spatiales francophones telle la géocritique (Westphal) et la géopoétique (Collot), ou encore la perspective plus bigarrée de Gélinas-Lemaire, mais aussi d'approches plus anciennes comme la rêverie poétique du philosophe Gaston Bachelard, cet article propose d'analyser comment l'espace, appréhendé dans sa réalité mais contré par la subjectivité et l'imagination, s'inscrit dans ce roman tout à la fois comme le cadre d'un terrible désenchantement et un horizon libératoire.

En tant que véritable « paradigme heuristique » de l'histoire et du récit, l'allégorie de la parabole s'appréhende également comme la mise en espace même de son propre discours (Maingueneau), c'est-à-dire du discours qui rend l'œuvre possible en lui faisant place et en lui donnant sens, cela aussi au sein du champ littéraire. La représentation littéraire de l'espace est donc pensée ici suivant la triple perspective de sa relation avec: le monde référentiel, la dynamique de la rêverie et la mise en perspective du discours fictionnel. Cet article invite ainsi à une dialectique sur l'espace de l'imaginaire et l'imaginaire de l'espace et à une réflexion sur l'impact de leur narrativité rétrospective dans la négociation auctoriale d'un espace littéraire à habiter.

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