In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • National Manhood and the Creation of Modern Quebec by Jeffery Vacante
  • Camille Robert
Vacante, Jeffery –National Manhood and the Creation of Modern Quebec. Vancouver, UBC Press, 2017, 244 p.

Professeur adjoint au Département d'histoire de l'Université Western, Jeffery Vacante livre dans sa monographie une étude brillante sur l'articulation entre masculinité, nationalisme et modernité au Québec. En continuité avec ses recherches précédentes en histoire du genre, l'auteur montre comment ont été négociés de nouveaux modèles de masculinité face aux bouleversements du capitalisme industriel. L'ouvrage, qui couvre la période allant de la fin du XIXe siècle jusqu'à 1940, année de l'obtention du droit de vote pour la majorité des femmes, se concentre sur les modèles de masculinité canadiens-français tout en les inscrivant en relation avec les discours canadiens-anglais ou américains.

L'historien s'appuie sur les idées d'intellectuels canadiens-français notamment déployées dans des essais, des brochures, des romans, des sermons et des articles de journaux. Ces derniers, soutient-il, tentaient d'abord de concilier un modèle agraire de masculinité, construit autour de la famille et caractérisé par la retenue et la piété, avec le modèle urbain qui émergeait à l'époque (p. 4). Les six chapitres permettent d'esquisser, plus largement, le développement d'un nationalisme canadien-français à la fois comme réaction et comme produit de la modernité, tout en situant les hommes comme des « êtres genrés » — ce que peu d'études historiques ont entrepris jusqu'à présent à propos du Québec (p. 12). [End Page 237]

Le premier chapitre expose, en réaction à l'industrialisation et à l'urbanisation, la défense par les élites canadiennes-françaises d'une « masculinité domestiquée », attachée à la ruralité, celle de l'habitant. À mesure que s'impose le capitalisme industriel, ce modèle se révèle toutefois inadéquat ; aussi est-il délaissé au profit d'une « masculinité nationale » permettant aux Canadiens français de s'adapter au nouveau contexte socio-économique sans pour autant adopter les valeurs d'individualisme ou de matérialisme associées aux Canadiens anglais (p. 36).

Le deuxième chapitre traite de la façon dont les préoccupations quant à l'urbanisation mènent, à la fin du XIXe siècle, à un renforcement de l'hétérosexualité comme marqueur central d'une masculinité « normale » (p. 39). Alors qu'il existait, depuis la colonisation, une certaine tolérance envers les expériences homosexuelles, la déstabilisation de la famille patriarcale et le déclassement des hommes dans les industries mènent à une plus grande surveillance des comportements sexuels et conjugaux. Comme Vacante l'avance à juste titre, la ville est ainsi, peu à peu, conçue comme un espace hétérosexuel, ce qui explique en partie la relative tolérance des autorités à l'égard de certains délits comme la prostitution, comparativement à l'homosexualité ou au travestissement, sévèrement punis.

Au troisième chapitre, l'historien examine les discours autour des dimensions biologiques de la « race » canadienne-française. Au début du XXe siècle, plusieurs intellectuels comme Lionel Groulx défendaient une nationalité centrée sur les liens du sang et la reproduction physique de la « race ». Cette vision, qui accordait un rôle de transmission important aux femmes, est toutefois mise de côté dans les années 1920 et 1930 au profit d'une nouvelle conception de la « race » orientée, cette fois, sur une appartenance déterminée par l'éducation et la culture.

Le quatrième chapitre explore la relation conflictuelle qu'entretenaient des Canadiens français à l'égard de l'impérialisme anglo-saxon. Comme Vacante l'explique, si la guerre des Boers et la Première Guerre mondiale ont contribué à l'expression de la masculinité chez de nombreux Canadiens anglais, du côté des Canadiens français, ces conflits ont plutôt fait concurrence au type de masculinité qu'ils tentaient d'élaborer (p. 94). Des intellectuels canadiens-français soutiennent alors que le militarisme relève davantage de sentiments...

pdf

Share