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  • L'Ouest raconté par Magali Michelet. Chroniques pionnières (1906-1916) by Sathya Rao
  • Rebecca Lazarenko
Rao, Sathya –L'Ouest raconté par Magali Michelet. Chroniques pionnières (1906-1916). Sudbury (Ontario), Editions Prise de Parole, 2019, 315 p.

Dans L'Ouest raconté par Magali Michelet. Chroniques pionnières (1906-1916), Sathya Rao explique que 1'histoire de la presse féminine francophone se concentre sur le Québec; par conséquent, la presse féminine francophone de 1'Ouest est négligée, même oubliée. Étant donné cette lacune, Rao veut nous convaincre que l'histoire de la vie professionnelle de la jeune chroniqueuse Marie Louise Émilie Michelet—Magali Michelet, de son nom de plume—est importante pour l'histoire de la présence féminine dans la presse francophone. En s'y intéressant, il contribue à combler un vide concernant l'Ouest canadien, mais également l'histoire des femmes francophones de l'Ouest. L'ouvrage comporte une introduction de l'auteur, et le livre est organisé de manière thématique plutôt que chronologique, ce qui permet de découvrir les intérêts de Magali à travers ses chroniques.

En 1905, la famille Michelet—François et sa femme, Hélène Nobon, et leurs enfants, Charles Alexandre, Magali (née en 1883), et Marie Claudine—quitte la France pour trouver sa place à La Calmette (Morinville, Alberta). La même année, Le Courrier de l'Ouest, le seul journal francophone de l'Alberta, voit le jour avec [End Page 228] Charles Alexandre Michelet comme rédacteur en chef. Grâce à son frère, Magali se charge du « Coin féminin » de l'hebdomadaire en 1906. « Le Coin féminin » subit de nombreux changements au cours des années, notamment avec l'ajout d'une section portant sur la littérature canadienne-française et d'un « Petit Courrier », lieu de correspondance entre les femmes qui ressemble à ce que l'on trouve dans les quotidiens québécois. On y introduira une « Chronique » traitant de sujets variés (le cœur du « Coin féminin, » la voix de Magali) et Magali y publiera ses propres créations littéraires.

Il ne faut pas évaluer Magali d'après son féminisme, indique Rao, puisque « […] la position de Magali n'a rien de révolutionnaire » (p. 42). En effet, Magali croyait au féminisme « maternaliste », lequel fondait « ses revendications sur l'acceptation de la nature maternelle des femmes qui leur [conférait] un rôle social particulier » (p. 17). Elle prêchait donc les valeurs traditionnelles d'une « bonne femme catholique », mais luttait pour l'amélioration des conditions des femmes ; elle voulait notamment qu'elles reçoivent une bonne éducation pour qu'elles puissent mieux accomplir leur rôle distinct dans la société.

Rao affirme qu'il faut tenir compte de la voix de Magali et de son « Coin féminin » pour quatre raisons importantes. D'abord, au nom du féminisme, Magali dévoile qu'il existait une différence entre le féminisme des Anglo-Saxons, comme celui de Nellie McClung, et le féminisme des francophones. Les francophones étaient des « féministes latines, plus modestes, et concentrées sur l'action sociale » qui se distinguaient du « féminisme exhibitionniste » des Anglo-Saxons (p. 17). Conformément à la tradition catholique, il était fautif de retirer les femmes de leur place naturelle, qui était la famille. L'idéal était de faire progresser les conditions des femmes à l'intérieur de cette place distincte pour le bienfait de la société. Magali explique les différences entre les formes de féminisme anglophone et francophone par des facteurs culturels. Qu'il s'agisse de différences réelles ou imaginaires, l'opinion de Magali révèle la réalité et la perspective féministe partagée par les femmes des communautés francophones de l'Ouest, une réalité encore mal connue.

Magali a aussi donné une voix concrète aux femmes francophones de l'Ouest. Elle poursuivait l'objectif d'« unir toutes les "isolées" de langue française, […], si perdues que nous soyons dans les solitudes des belles prairies...

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