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Reviewed by:
  • Olivier-Elzéar Mathieu. De Saint-Roch à archevêque de Regina by Jacques Mathieu
  • Roberto Perin
Mathieu, Jacques –Olivier-Elzéar Mathieu. De Saint-Roch à archevêque de Regina. Québec, Septentrion, 2019, 388 p.

La question qui se pose d'emblée est pourquoi. Pourquoi un professeur émérite de l'Université Laval a-t-il écrit une biographie du premier évêque de Regina (1911-1916 ; archevêque, 1916-1929) ? La réponse est simple et assez évidente : celui-ci est un parent de celui-là. Spécialiste réputé de la Nouvelle-France, formateur de plus d'une génération d'historiens, administrateur universitaire chevronné et récipiendaire de nombreuses distinctions d'ici et d'ailleurs, Jacques Mathieu n'est-il pas l'auteur tout indiqué pour ce genre d'ouvrage ?

La réponse à la deuxième question n'est toutefois pas aussi manifeste : pourquoi l'auteur de multiples articles et livres savants a-t-il fait fi dans cette biographie de tout l'apparat scientifique qui devrait normalement accompagner un livre d'histoire ? On n'y retrouve en fait aucune bibliographie générale, bien que quelques titres, la plupart datant des années 1960, figurent à la fin des trois premiers chapitres (sur huit), un peu comme une esquisse à peine entamée. Il n'y a pas non plus de notes de référence, l'auteur se contentant d'indiquer que la plupart des sources sont faciles à repérer soit aux archives de l'archevêché, soit à celles du Séminaire de Québec conservées au Musée de la civilisation. Pis encore, il n'y a pas de citations, ou enfin très peu. Ainsi passe-t-on allégrement et sans interruption du « il » du narrateur au « je » de l'objet de la narration, c'est-à-dire que des passages entiers sont reproduits textuellement sans guillemets. À quoi bon lutter contre le plagiat alors qu'on n'a qu'à émettre un simple avertissement au début d'une dissertation, d'une thèse ou d'une monographie qu'on ne se servira pas de guillemets pour ne pas alourdir le récit ? Dans ce livre, la lectrice ou le lecteur peut cependant se délecter de longues phrases ronflantes ou pieuses, typiques de la gent ecclésiastique de l'époque, ou de l'apparition de personnages mystères dont l'identité se résume au seul nom. Le troisième délégué apostolique fait figure d'exception, cependant, car son nom n'est jamais mentionné. Ainsi, l'évêque pressenti raconte au sujet de sa nomination au [End Page 226] siège de Regina : « personne, au Canada, ne savait que j'avais été choisi avant que S.S. le délégué apostolique eut fait connaître l'ordre [venu de Rome] » (p. 238). Or à quoi au juste se réfèrent ces initiales ? Sûrement pas au délégué qui, en passant, s'appelle Pellegrino Stagni. S'agit-il d'une erreur de transcription, S. E. désignant Son Excellence, le titre du délégué ?

Si, en pratiquant une méthode light, l'historien Mathieu espère séduire un plus grand lectorat, il n'est pas certain qu'il atteindra son but. Car, à 400 pages, le livre est déjà trop long même pour les plus férus des amateurs d'histoire. Ils seront loin d'être enchantés par surcroît des menus détails qui y fourmillent : les cours qu'Olivier a suivis et ensuite dispensés au Petit et au Grand Séminaire de Québec ; la gestion routinière du Séminaire et de l'Université Laval en tant que supérieur et recteur ; les sermons et les discours de circonstance prononcés lors de festivités, congrès et commémorations multiples ; les déplacements au pays et à l'étranger ; les honneurs reçus ; la direction du nouveau diocèse multiethnique de Regina ; les lettres pastorales et les relations avec le clergé du diocèse : ces thèmes pourraient certes susciter un certain intérêt si on les avait contextualisés. Souvent, toutefois, ils sont présentés...

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