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  • Hommage à Yves Lequin

Notre ami Yves Lequin, membre du comité éditorial du Mouvement social, est décédé à Lyon le 23 décembre 2020. Nous avons souhaité rendre hommage à un historien dont l'oeuvre internationalement connue comme l'activité multiple ont contribué au renouveau et à la vitalité de l'histoire sociale. Nous avons demandé leurs témoignages à un de ses compagnons de travail lyonnais, Maurice Garden, et à trois membres du comité éditorial de la revue proches de lui et appartenant à différentes générations. Que cet hommage paraisse dans un numéro spécial consacré à l'histoire orale permet aussi de souligner ce que l'histoire orale, en France, doit à Yves Lequin.


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© Archives Colette Lequin.

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  • La formation d'Yves Lequin ou la « bande à Léon »Entretien avec Maurice Garden
  • Marie-Emmanuelle Chessel (bio), Arielle Haakenstad Bianquis (bio), and Michelle Perrot

Maurice Garden, vous avez bien connu Yves Lequin puisque vous avez été formé comme historien à ses côtés, à Lyon, et que vous avez été enseignant-chercheur avec lui à l'Université de Lyon puis à Lyon 21. Vous allez évoquer ici cette « période lyonnaise », avant qu'en 1981 vous ne soyez appelé à Paris au ministère de l'Éducation nationale puis à celui de la Recherche et de la Technologie. Pour commencer, quand avez-vous connu Yves Lequin ?

La khâgne du lycée du Parc

Maurice Garden

Yves Lequin et moi sommes tous deux nés en 1935 et nous nous sommes rencontrés peu après le baccalauréat, qu'il a passé en 1953, une année après moi. Nous avons fait connaissance au lycée du Parc à Lyon, puisque nous étions ensemble en classe préparatoire littéraire. Je venais du Jura et lui de Saôneet-Loire, où il était né. Il venait d'un milieu modeste mais en parlait très rarement. Yves Lequin n'est resté qu'une année en classe préparatoire, alors que j'y suis resté plusieurs années (j'étais « bikhâ »).

Le lycée du Parc était l'une des rares classes préparatoires de province qui avaient de bons résultats concernant l'entrée à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Yves Lequin passait alors pour un original car il était membre des Jeunesses communistes. C'était le seul à l'époque qui affichait son appartenance communiste au lycée du Parc ! Les élèves catholiques étaient plus nombreux. On les appelait les « Talas » : ceux qui von-« t à la » messe. Selon l'argot khâgneux, certains élèves avaient une [End Page 226] fonction particulière. Le « Prince Tala » était, jusqu'en 1953, Antoine Prost ; la « Baderne2 » était Jacques Julliard. À part Gilbert Garrier, qui était lyonnais, nous étions tous des internes, ce qui créait une réelle solidarité.

Le passage par la khâgne de Lyon a été un élément fondateur de notre formation, même si nous y apprenions une histoire événementielle, que nous allions ensuite désapprendre à l'Université avec Pierre Léon. Si l'enseignement de Joseph Hours était parfois folklorique, peu de professeurs peuvent se vanter d'avoir eu autant d'anciens élèves docteurs en histoire et professeurs d'université.

Faire sa thèse avec Pierre Léon

Yves Lequin et vous avez poursuivi votre formation à l'Université de Lyon. Vous y avez donc rencontré Pierre Léon.

Maurice Garden

Yves Lequin a été le premier à poursuivre sa formation à l'Université de Lyon. Il y a fait directement sa licence d'histoire. Pour ma part, je suis arrivé quelques années après et j'avais du retard dans plusieurs domaines, notamment la géographie et l'histoire ancienne. J'ai donc dû me mettre à jour et passer ces certificats-là. Il faut bien se rappeler que la section d'histoire de Lyon était un monstre d'ancienneté et d'archaïsme. Elle était dominée par le doyen André Latreille, tenant du catholicisme social et orienté politiquement à droite, qui assurait aussi la rubrique mensuelle sur l'histoire dans Le Monde. Nous avons encore souvenir du brio d'Yves Lequin quand il passait...

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