In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

  • Nouvelle génération
  • Claude Denis

Introduction

Ce numéro de la Revue marque le retour des sections thématiques à la RIÉC. Dans certains cas, comme celui-ci, ce sont tous les articles de la revue qui s’inscrivent dans un thème spécifique; dans d’autres, des articles généraux s’ajouteront à une section thématique. Il me semble spécialement approprié, et excitant, que notre premier thème mette l’accent sur une nouvelle génération de canadianistes.

Les deux dernières décennies n’ont pas été tendres pour les Études canadiennes, tant dans l’espace international qu’au Canada même : aux défis habituels d’attirer de nouveaux chercheurs et de nouvelles chercheuses dans le domaine s’est ajoutée l’annulation par le gouvernement canadien des programmes d’appui aux Études canadiennes internationales. Au pays, des programmes d’études et des unités administratives ont aussi souffert. C’est en partie avec ce contexte en tête, mais avec optimisme, que nous avons lancé l’appel de textes pour un numéro Nouvelle génération. L’idée était à la fois d’encourager les jeunes chercheurs et chercheuses à penser leur travail dans le cadre des Études canadiennes internationales et de lancer une sonde pour voir si une telle génération de canadianistes existait réellement.

Le résultat, comme vous vous apprêtez à le voir, est à la fois excitant et un peu inquiétant. Excitant à cause du caractère et de la qualité des textes proposés—j’y reviendrai tout de suite—, mais inquiétant, parce que très peu de manuscrits ont été soumis de l’extérieur du Canada, et aucun d’entre eux n’a pu être retenu. Cela s’explique certainement, mais de toute manière il faut redoubler nos efforts pour attirer les jeunes canadianistes internationaux (il y a quand même de bonnes nouvelles à ce sujet : plusieurs auteurs internationaux ont des textes dans le numéro précédent et dans les prochains).

Il y a déjà près de soixante ans, Thomas Kuhn a montré que les nouvelles perspectives en science viennent des nouvelles générations—ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Avec cet appel aux jeunes chercheurs et chercheuses, donc, nous pouvions espérer non seulement de nouvelles personnes, mais aussi des perspectives nouvelles. Les articles dans ce numéro ne déçoivent pas : voici un groupe diversifié de jeunes chercheurs et chercheuses, innovant tant par leurs approches que par leurs objets.

Rachel Lobo étudie l’histoire des Noirs au Canada par la constitution d’une « contre-archive » de photographie Noire, visant la « reconstruction de groupes [End Page 4] marginalisés historiquement ». Alors que l’histoire est depuis toujours un pilier des Études canadiennes, la focalisation sur des matériaux visuels n’en a pas été un trait dominant. Il est doublement innovateur de combiner cette approche à l’étude de l’histoire Noire au Canada. Notons aussi que l’image en couverture de ce numéro est reprise de l’article de Lobo, et qu’elle évoque l’essentiel de la promesse de notre thématique : c’est une vieille photo d’une jeune Noire, incarnant un numéro qui présente les perspectives d’une génération de chercheurs et chercheuses jeune et diverse.

En ce sens, l’article de Hasheem Hakeem sur l’artiste de performance montréalais 2Fik—qui s’identifie comme queer, francophone, québécois, immigrant, ex-musulman, etc.—est certainement le premier dans la RIÉC à centrer ce genre de pratique artistique. En situant notre compréhension de 2Fik dans le contexte des débats québécois sur l’identité, la laïcité et l’immigration, Hakeem situe cet art de performance très contemporain dans des thématiques québécoises et canadiennes consacrées.

Les trois articles de Thirstan Falconer, Do Minh et Daisy Raphael offrent un regard nouveau sur des thèmes bien établis dans la RIÉC. Falconer s’attache aux tensions concernant l’immigration au milieu du 20e siècle entre les milieux d’affaires—favorables...

pdf

Share