Abstract

Résumé:

L'auteur se penche sur l'importance topique et esthétique de la pilosité dans plusieurs des films de la cinéaste française Claire Denis : Nénette et Boni (1996), Trouble Every Day (2001), Vendredi soir (2002), White Material (2009) et High Life (2018). Selon lui, les images de pilosité humaine que l'on trouve dans ces oeuvres servent à trois fins : communiquer concrètement l'identité humaine; signaler la matérialité excessive, non assimilée du corps; et corporaliser le passage du temps sous la forme d'une matière inerte qui complique la distinction entre corps organiques et inorganiques. L'auteur utilise l'oeuvre du théoricien allemand du cinéma Siegfried Kracauer, qui s'est lui-même intéressé à la peau et au cuir chevelu, pour asseoir sur des bases théoriques la pilosité filmique de Denis. Jusqu'à maintenant, peu de chercheurs ont tenté d'établir un lien entre les films de Denis et les écrits de Kracauer—et moins encore ont entrepris de théoriser la pilosité filmique —, un exercice qui jette néanmoins un nouvel éclairage sur la façon dont nous abordons la pilosité à l'écran. Sur un plan plus large, l'auteur contribue dont à un effort intellectuel plus général pour élaborer une « théorie de la pilosité » susceptible d'expliquer la présence et l'importance de la pilosité dans le discours culturel et cinématographique.

Abstract:

This article examines the topical and aesthetic significance of hair in several movies by the French filmmaker Claire Denis: Nénette et Boni (1996), Trouble Every Day (2001), Vendredi soir (2002), White Material (2009), and High Life (2018). The images of human hair found across these works, I argue, serve three purposes: to materially communicate human identity; to signal the body's excessive, unassimilated materiality; and to corporealize the passage of time as a form of dead matter that complicates a distinction between organic and inorganic bodies. This article uses the work of German film theorist Siegfried Kracauer, who himself took an interest in skins and scalps, to ground Denis's filmic hair theoretically. There has so far been little work linking Denis's films to Kracauer's writings—and fewer attempts to theorize filmic hair—but doing so sheds new light on how we encounter hair on screen. On a broader level, then, this article adds to a wider scholarly effort to develop a "theory of hair" that can account for hair's presence and significance in cultural and cinematic discourse.

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