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P erm a n en ce d ’u n e id eo lo g icmlkjihgfedcbaZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA d e “ civilisa tio n ch retien n e’’ d a n s le clerg e' co n stitu tio n n el B E R N A R D P L O N G E R O N “La revolution fran^aise est la consequence derniere et la plus avancee de la civilisation modeme, et la civilisation modeme est sortie tout entiere de PEvangile. C’est un fait irrecusable si l’on consulte Phistoire et particulierement celle de notre pays. ... C’est un fait encore incon­ testable si l’on examine et si l’on compare a la doctrine de Jesus, tous les principes que la revolution inscrivit sur ses drapeaux et dans ses codes; ces mots d’egalite et de fratemite qu’elle mit en tete de tous ses actes et avec lesquels elle justifia toutes ses oeuvres.”1 Plus qu’un jugement, c’est par cette conviction qu’en 1833, Buchez inaugure son H istoire parlem entaire de la R evo lu tio n fran$aise en quarante volumes. Conviction d’un socialisme chretien qui s’inscrit dans le droit fil de la ‘chretiente republicaine,” chere a Gregoire et a ses confreres du clerge constitutionnel. De Gregoire a Buchez s’exprime clairement la reference evangelique comme vision du politique et de l’engagement republicain. Cela suffit-il a lever les ambiguites, voire les contradictions latentes d’un discours apparemment sans faille? Une lecture plus attentive nous invite a penser le contraire. 263 264 / B ER N A R D WVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA P L O N G E R O N Que signifie, en effet, une “civilisation modeme sortie tout entiere de l’Evangile” sinon que, toute “modeme” qu’elle soit, elle devra repondre aux valeurs evangeliques, c’est-a-dire a une morale chretienne et a ses interdits? En d’autres termes, fut-ce en regime democratique, Buchez ne Congo it pas que la “civilisation modeme” puisse evacuer son determinant chretien. Pour ne pas employer l’ex­ pression “civilisation chretienne,” celebree par ses contemporains romantiques (Guizot et Ozanam en France; Balmes en Espagne), Buchez s’approprierait volontiers celle de “chretiente republicaine” dont l’eveque constitutionnel Gregoire entretient quelquefois ses diocesains de Blois apres 1792. Or, l’evangile vecu selon une orthodoxie de “chretiente” ne peut s’accommoder de toutes les valeurs revolutionnaires. On aura remarque que si Buchez exalte l’egalite et surtout la fratemite, il omet la valeur premiere du trinome republicain; celle de liberte. Precisement la liberte— impliquant le droit a la dif­ ference des hommes et a l’indifference des cultes qu’ils professent— est la question quasi-insoluble et franchement scandaleuse pour une “chretiente.” Les catholiques liberaux du type Lamennais (comme naguere le clerge constitutionnel) s’evertuent a tourner la difficulte en pronantdes libertes particulieres au lieu de la liberte: plus encore ils la mettent en sourdine au profit de l’egalite et de la fratemite qui ont l’avantage de s’harmoniser avec une sociabilite chretienne. Ce n’est point la un trait particulier a la mentalite catholique. Le protestant liberal Benjamin Constant veut bien proclamer que les libertes civiles et politiques sont inseparables, mais c’est la notion d’egalite qu’il eleve au rang d’“idee-mere.”2 Pourquoi? Parce qu’explique-t-il, en epigraphe , dans son ouvrage posthume D u P olytheism e ro m a m (1833), “l’epoque oil les idees religieuses disparaissent de Fame des hommes est toujours voisine de la perte de la liberte; des peuples religieux ont pu etre esclaves, aucun peuple incredule n’a pu etre libre.” Il y avait longtemps que son ami Gregoire avait etabli cette necessite organique entre liberte et religion (chretienne). Le pouvoir revolutionnaire avait recuse cette necessite et des lors condamne les chretiens-citoyens a l’ecartelement entre leurs convic­ tions chretiennes et leur loyalisme politique— Comment apparait cet ecartelement dans le processus de la Revolution frangaise? Quelle est ‘‘C ivilisation chretienne ’ dans 1a clerge ImlkjihgfedcbaZYXWVUTSRQPONMLKJIHG 265 sa nature, quel est son sens? En reference a une “civilisation chretienne” faut-il parler d’un malentendu ou d’un double langage du clerge constitutionnel...

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