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  • Les Récréations galantes: suite de ‘La Maison des jeux’ by Charles Sorel
  • Alain Viala
Charles Sorel, Les Récréations galantes: suite de ‘La Maison des jeux’. Édition critique avec l’analyse des variantes des trois éditions, par Marcella Leopizzi. (Sources classiques.) Paris: Honoré Champion, 2020. 298 pp.

En 1671 paraît à Paris, chez Étienne Loyson, un petit volume in-12o sans nom d’auteur intitulé Les Récréations galantes, contenant diverses Questions avec leurs Réponses. Le Passe-temps de plusieurs petits Jeux. Quelques Enigmes en prose. Le Blazon des Couleurs sur les Livrées et Faveurs. L’Explication des Songes. Et un Traité de la Phisionomie. Devinettes, jeux de société, symboliques des couleurs et du visage, ces textes brefs proposent, souvent avec humour, un recueil de divertissement pour les ‘compagnies’ mondaines. L’édition de Marcella Leopizzi les rend accessibles et les accompagne de nombreux extraits de Charles Sorel et d’autres auteurs (notamment Vulson de La Colombière) qui font ressortir le caractère de compilation de ce ‘centon’ (p. 102). Elle offre ainsi une sorte d’anthologie qui donne une ouverture sur la pratique sociale, littéraire, esthétique et éthique de la galanterie en un temps où celle-ci constituait en France un phénomène majeur. Aussi sa lecture sera du plus grand intérêt pour l’histoire culturelle. L’appareil éditorial est d’une belle minutie dans l’analyse et les comparaisons entre les textes. En revanche, il déçoit — sans doute par l’effet de la lenteur usuelle des publications savantes — en matière de contextualisation. Manquent en effet des références à des travaux majeurs concernant Sorel ou encore les pratiques éditoriales de ce temps (voir le cas du Mercure galant) et, plus globalement, le phénomène galant se voit ici replié sur les clichés de ‘l’honnête homme’ et du ‘Grand Siècle’ inventés au dix-neuvième siècle. De même, les notes se bornent souvent à des gloses de mots par de longues citations du Dictionnaire de Furetière, voire à de faibles éclairages de noms connus (Ulysse par exemple) mais font défaut là où se manifestent des enjeux à la fois linguistiques et sociaux qui demandent à être balisés. Ainsi — pour ne citer que deux exemples — il est remarquable que le ‘Blazon’ des fleurs convoque deux fois la même plante, une sous son nom d’‘Amarante’ et une autre sous son appellation populaire de ‘Queue-de-renard’, pour deux symboliques opposées, la ‘constance’ et la ‘malice’; ainsi encore, dans le jeu des ‘Questions’ des énoncés tels que ‘Si on aura des charges et offices?’ renvoient à des milieux précis.. . Enfin, le caractère de ‘centon’ aurait pu amener à reprendre les questions de l’anonymat, de l’attribution à Sorel et de la configuration éditoriale. Car s’est établi au dix-huitième siècle l’usage de voir dans les Récréation une ‘suite’ de La Maison des jeux de Sorel (1642), mais le privilège placé en tête de l’édition Loyson les rattache à La Maison des jeux académiques (1665). L’éditrice, quoique parfaitement informée, suit cet usage sans en débattre. Pourtant l’attribution à Sorel pose au moins la question de voir comment se conjoignent dans son œuvre le galant, le libertin et le savant. Et plus largement la pratique de ces écrits de sociabilité galante où l’on discerne des affleurements satiriques constitue un jeu curieux qui est au moins matière à interrogations. [End Page 627]

Alain Viala
Lady Margaret Hall, Oxford
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