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Reviewed by:
  • La virginité en question ou les jeunes filles sans âge by Eftihia Mihelakis
  • Christina Chung (bio)
Eftihia Mihelakis , La virginité en question ou les jeunes filles sans âge, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, coll. Espace littéraire, 2017, 191 p, 29,95$

Avec La virginité en question ou les jeunes filles sans âge, Eftihia Mihelakis propose d'étudier la virginité comme une affaire avant tout politique. Dans son introduction, elle nous rappelle que ce n'est qu'à partir de la fin des [End Page 397] années 1980 que les études universitaires ont commencé à se pencher sur la question des rôles et des significations culturelles et politiques des filles dans la société. Avec la montée des mouvements artistiques, politiques et sociaux, tels que Riot Grrrl, Pussy Riot, ACTUP, Guerilla Girls, Queer Nation et Lesbian Avengers, les Girlhood Studies ont pris naissance dans le but de dépeindre de manière réaliste les situations des filles, ainsi que de réfléchir à leur agentivité sexuelle. Mihelakis s'appuie sur un des textes essentiels des Girlhood Studies, intitulé The Girl: Constructions of the Girl in Contemporary Fiction (1998) de Ruth O. Saxton, pour souligner l'effet qu'a l'hétéronormativité sur la subjectivité des filles. Mihelakis note que dans un article et un ouvrage plus récents — « Girls Today. Girls, Girl Culture and Girl Studies » de Catherine Driscoll (2008) et Portraits de jeunes filles: l'adolescence féminine dans les littératures et les cinémas français et francophones de Daniela Di Cecco (2009) — les critiques partagent la même hypothèse: la subjectivité des filles correspond aux paradigmes hétéronormatifs du mariage ou de la maternité. Cependant, aucune de ces critiques a réfléchi à l'importance de la virginité et à son influence du devenir de la fille. Avec le présent ouvrage, Mihelakis a donc pour objectif de combler cette lacune et de « produire une analyse culturelle en forgeant une cartographie des adolescences au féminin ».

L'étude de Mihelakis comprend trois parties, dont la première s'intitule « La virginité, une affaire de jeunes filles ». L'auteure entame cette partie avec le chapitre, « La maladie des vierges ». Comme le titre l'indique, la virginité pouvait, selon certains Anciens, tel qu'Hippocrate, engendrer des états pathologiques dangereux. Selon les textes hippocratiques, consultés jusqu'au xviiie siècle, le corps de la fille pubère est un corps pathologique qui pourrait être guéri par la grossesse. À travers la « cure érotique », le corps de la jeune fille est libéré du sang menstruel qui, hypothétiquement, affecte à la fois sa santé physique et mentale. Mihelakis affirme avec raison que « la virginité appartient ainsi à un dispositif médico-social qui ne prend pas en considération la parole des femmes, leur droit à déterminer pour et par elles-mêmes leur statut érotique sexuel ». Malgré la brièveté de ce chapitre, relativement à ceux qui suivent, « La maladie des vierges » est un apport théorique essentiel à l'analyse du concept de virginité; il met en lumière l'injustice que vivent les femmes en ce qui concerne leur sexualité.

Le deuxième chapitre, « L'hymen et la loi », nous plonge dans les discours juridiques liés à la virginité et au viol. Mihelakis cite Ambroise Tardieu qui, en 1859, définit le viol comme « toute violence exercée sur les organes sexuels de la femme […] par la déchirure complète ou incomplète de la membrane hymen ». Cette citation, bien que datée, est pertinente car elle indique que le viol présentait les femmes comme des victimes passives et vulnérables, alors qu'en réalité, les hommes peuvent aussi être victimes de viol. Theodric Romeyn Beck et John Brodhead Beck sont ensuite mentionnés pour réfuter la crédibilité de la déchirure de l'hymen comme preuve de viol. Selon eux, l'hymen est une structure variable et « ne constitue pas une évidence corporelle substantielle ». Dans ce chapitre, Mihelakis expose clairement le lien [End Page 398] entre l'hymen et la virginité, tel que perçu par la loi. Elle en d...

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