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Reviewed by:
  • Cartographie des lieux dans l'œuvre de Victor-Lévy Beaulieu by Myriam Vien
  • Jimmy Thibeault (bio)
Cartographie des lieux dans l'œuvre de Victor-Lévy Beaulieu, s. la dir de Myriam Vien, Les Cahiers Victor-Lévy Beaulieu, n° 6, Montréal, Nota bene, 2018, 153 p.

La nouvelle livraison des Cahiers Victor-Lévy Beaulieu entraîne son lecteur dans l'exploration des lieux qui forment dans l'œuvre de Victor-Lévy Beaulieu les [End Page 391] contours du « pays équivoque ». Entre les Trois-Pistoles, Morial-Mort et les errances dans les lieux de l'autre, l'univers de Beaulieu permet de tisser les lieux d'une identité québécoise qui peine à s'assumer et à s'affirmer. En introduction, Myriam Vien précise que l'objectif de ce dossier, intitulé Cartographie des lieux dans l'œuvre de Victor-Lévy Beaulieu, est « de s'intéresser autant aux lieux qui peuplent l'imaginaire de Victor-Lévy Beaulieu qu'aux différentes formes de traversées qui peuvent être tracées à l'intérieur de ceux-ci ». Le dossier n'atteint cependant pas entièrement cet objectif, puisqu'il n'est constitué que de trois articles et que, par conséquent, il ne parvient pas à bien faire sentir toute la complexité de la cartographie beaulieusienne. Vien présente bien, par exemple, l'importance chez Beaulieu de visiter le pays de l'autre pour parler du sien, pourtant les espaces étudiés se limitent à l'intérieur du pays lui-même et à son caractère dichotomique: l'écriture se passe dans un entre-deux où s'affrontent le poids d'une ville de débauche et la nostalgie de la région de l'enfance. Mais un tel constat ne change rien à la qualité des trois textes qui forment le dossier et qui amènent un éclairage intéressant sur l'œuvre de Beaulieu.

Kevin Lambert montre, dans « Le vidangeur et le traducteur: avenues de Satan Belhumeur », comment la parole de Satan Belhumeur s'efface derrière celle des urbanistes, politiciens et autres, qui affirment parler au nom des citoyens et pour le bien commun. Le tonneau de Satan dans la ville dérange et doit disparaître pour le bien de la ville et, pour ce faire, le discours se construit dans le rejet, par travestissement, de l'image de Satan: s'il joue d'abord le rôle de vidangeur qui permet de maintenir les traces de notre histoire en conservant les objets de mémoire qui se trouvent aux vidanges, il devient rapidement un personnage repoussoir pour ceux qui cherchent à se départir de cette mémoire gênante et à faire de la ville un lieu moderne aseptisé. L'intérêt de l'article de Lambert s'inscrit dans le traitement de ces paroles qui s'opposent, de celle qui affirme se faire au nom des citoyens et de celle de Satan, qui ne semble pas être entendu parce que perçu comme délirant: la parole de Satan serait celle qui ne trouve pas son sens dans le « monolinguisme » fantasmé de la ville, à l'ombre de la tour de « B'Abel ».

Dans « L'écriture inhabitable dans Don Quichotte de la démanche. Entre fascination et errance », Lucille Ryckebusch s'intéresse à l'influence du lieu sur l'écriture. Plus particulièrement, elle étudie le rapport qu'entretien Abel avec l'écriture dans le lieu clôt du bungalow de Terrebonne, lieu intermédiaire entre la ville et la campagne. Ryckebusch remarque que « Don Quichotte de la démanche énonce l'impossibilité de l'écriture dans un espace périphérique informe qui ne peut plus soutenir le récit ». La banlieue, symbole de l'American dream, devient un lieu d'anéantissement, d'effacement, qui n'est pas sans rappeler la ville aseptisée que veulent reproduire les urbanistes dans Satan Belhumeur. Dans ce lieu, l'écriture devient impossible, car elle isole Abel, l'exclut du monde et le coupe d'un réel nécessaire à l'écriture: le projet d'une écriture totalisante est impossible et semble condamner l'œuvre à l'inachèvement. [End Page 392]

Myriam...

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