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Reviewed by:
  • Les rouages du descriptif chez Gabrielle Roy by Nathalie Dolbec
  • Jean-Pierre Thomas (bio)
Nathalie Dolbec, Les rouages du descriptif chez Gabrielle Roy, Montréal, Notabene, 2017, 195 p.

La description, perçue couramment comme une cruelle nécessité de la littérature, souvent vilipendée en raison de sa longueur et de l'ennui qu'elle suscite en cours de lecture, a fait les frais de moult études lors des dernières décennies. Examinée sous tous les angles par les Hamon, Ricardou, Reuter, Adam et Petitjean, elle semble avoir dispensé tout le suc qu'on pouvait lui extraire. De fait, que reste-t-il à dire sur des procédés qui, aussi utiles soient-ils pour inscrire le savoir dans le texte, ne produisent en somme que de longues séquences exagérément détaillées? C'est ici qu'entre en scène Nathalie Dolbec, professeure de littérature et de culture francophones du Canada à l'Université de Windsor, avec son ouvrage Les rouages du descriptif chez Gabrielle Roy. Loin de prétendre renouveler le discours théorique sur la description, cette courte étude permet néanmoins à Dolbec d'explorer dans le détail l'utilisation qu'a faite l'auteure québécoise Gabrielle Roy de divers procédés descriptifs dans son œuvre. La chercheure se veut pour l'occasion plus praticienne que théoricienne, et sa démarche inspirée de sa thèse de doctorat, menée avec rigueur, mérite d'être appréciée.

L'ouvrage est segmenté en deux parties d'inégale longueur (la deuxième s'avérant sensiblement plus longue que la première) intitulées respectivement « Implantation » et « Contours ». Il s'agit pour Nathalie Dolbec, comme elle l'explique d'entrée de jeu, « d'éprouver et, éventuellement, d'affiner la théorie de la description pour montrer sa rentabilité, en l'appliquant à un corpus particulièrement riche en descriptif ». L'œuvre de Gabrielle Roy n'a pas été choisie au hasard pour appliquer cette méthode analytique: elle se prête à merveille à la recherche d'un matériau descriptif substantiel. Se trouve en outre sous-tendu à cet objectif le désir d'explorer l'équation narration-description, qui pose généralement problème aux théoriciens de la description. [End Page 386] Comment en venir à un consensus lorsque les deux termes de ladite équation paraissent aux yeux de plusieurs comme étant qualitativement inégaux (l'un rebute, l'autre fascine)? Les deux grandes étapes du parcours consistent à retracer d'abord des séquences descriptives liminaires — à l'aide notamment des fonctions informative, explicative et régulative-transformationnelle, privilégiées par Roy dans ses récits — et terminales afin d'en établir les particularités. Il appert que le travail minutieux du descripteur royen prend rapidement un tour lyrique, voire idyllique, sur lequel la chercheure se penchera pour mieux en déterminer les caractéristiques, et c'est de ce tour singulier qu'elle tirera ses conclusions les plus frappantes: « Assumer l'inexactitude scientifique revient, pour le descripteur, à privilégier la poésie évocatoire au détriment, s'il le faut, du mathésique et de l'effet de réel. » Ainsi le pédagogue qui le plus souvent se cache sous les traits du descripteur se double-t-il d'un artiste, de sorte que « coexisteraient dans le descriptif de l'œuvre deux principes opposés, mais mutuellement compensatoires: le souci de prévisibilité, où l'on reconnaît le côté pédagogue du descripteur, et celui d'imprévisibilité qui, privilégiant l'imagination, fait ressortir le côté artiste ». La description royenne se teinte de tonalités qui agrémentent et dynamisent la narration.

Dans la première partie de son ouvrage, Nathalie Dolbec examine d'abord les fonctions de la description privilégiées par Gabrielle Roy en début de textes. Le modèle théorique est exposé avec soin par l'auteure, si bien que le propos, même s'il intéressera d'abord les littéraires de formation, sera aisément compris par les non-spécialistes. La recension minutieuse des proc...

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