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  • Le pays qui ne se fait pas. Correspondance 1983–2006 by Hélène Pelletier-Baillargeon et Pierre Vadeboncœgur
  • Michel Lord (bio)
Hélène Pelletier-Baillargeon et Pierre Vadeboncœur, Le pays qui ne se fait pas. Correspondance 1983–2006. Édition préparée par Marie-Andrée Beaudet et Jonathan Livernois avec la coll. de François Ricard, Montréal, Boréal. coll. Document, 2018, 302 p., 29,95$

Difficile de réunir deux esprits plus intelligents, plus instruits et plus sensibles au sort du Québec et de son indépendance. Pierre Vadeboncœur, immense essayiste depuis La ligne du risque (1963) jsuqu'aux Grands imbéciles (2008) et Hélène Pelletier-Baillargeon, journaliste et biographe (Olivar Asselin et son temps, 1996–2010) se livrent dans cette correspondance secrète — qu'ils n'avaient pas l'intention de publier, d'où la liberté du ton et des propos — à des réflexions qui portent essentiellement sur l'indépendance politique du Québec, ses espoirs et mais aussi ses désespérances. Un quart de siècle d'échange épistolaire qui montre à quel point les errances du Québec sur la question de son avenir politique ont fait réfléchir ces deux témoins privilégiés de la vie sociale, culturelle, littéraire, historique et politique du Québec. Rien ne leur échappe, les deux appartenant à cette frange de la société éduquée de la meilleure façon et on ne peut mieux lettrés. Vadeboncœur (1920–2010), syndicaliste comme il ne s'en fait plus, et Pelletier-Baillargeon (née en 1932), journaliste de la même qualité intellectuelle que son collègue, offrent des échanges chaleureux et honnêtes sur leurs doutes quant à l'avenir du Québec, tout en faisant état de leur indéfectible désir de voir le Québec devenir un pays, mais aussi de leur désespoir devant les atermoiements de notre bon peuple et de ses refus en 1980 et 1995 d'exister en tant que pays. [End Page 371]

La présentation de Marie-Andrée Beaudet et Jonathan Livernois, avec ses quatre maigres pages ne mène pas à grand chose sinon pour dire que ces pages n'étaient pas destinées à la publication et que nous sommes privilégiés de pouvoir les lire maintenant. Il y aura certaines redites dans ces lettres, où se rencontrent le relatif optimisme de Pelletier-Baillargeon et le pessimisme foncier et le fatalisme de Vadeboncœur, qui a la grosse part du gâteau (environ les deux tiers de lettres, sans que sa correspondante fasse figure mineure, les propos de cette dernière ayant la même force de frappe sur l'indépendance et le Québec que ceux de Vadeboncœur, et aussi pour ce qu'elle dit d'Olivar Asselin dont elle rédige la biographie, qui comprendra trois forts tomes, tout au long de ces années.

Mais que retenir de tout cela? Dès le départ, Vadeboncœur va parler de « l'égout culturel américain », source de problème sur notre beau continent, sinon sur l'époque: « [N]otre petite province, si elle ne devient pas un pays très, très dynamique […] sera (ou restera) […] un trou noir ». Tout au long des échanges, la France et sa littérature seront rappelées comme des nécessités viscérales, qu'il s'agisse de Mauriac, Péguy ou Malraux, sans pour autant que soit occultée la littérature québécoise: « Je suis sous le choc de la mort de Jacques Ferron… Après [Yves] Thériault, Gabrielle Roy et lui, notre littérature a l'air décapitée de ses grands créateurs de fiction » (HPB). Décapitée aussi de manière incompréhensible l'idée de l'indépendance chez Vadeboncœur qui dès 1985 insiste pour dire et répéter qu'il a « toujours douté [….] que l'indépendance ne se ferait pas » tout en réaffirmant sa volonté de soutenir le Parti québécois. Pour lui, nous formons un « petit peuple bizarre », « la population qu...

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