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Reviewed by:
  • Yves Bonnefoy and Jean-Luc Nancy: Ontological Performance by Emily McLaughlin
  • Aurélie Van de Wiele
McLaughlin, Emily. Yves Bonnefoy and Jean-Luc Nancy: Ontological Performance. Oxford UP, 2020. ISBN 978-0-1988-4958-2. Pp. 192.

De nombreux poètes du vingtième siècle, les Avant-Gardes en tête, considèrent la subversion des codes linguistiques comme la base de l'acte poétique. Pour Yves Bonnefoy, cependant, la poésie n'apparaît que quand l'écrivain rejette l'existence même de ce code et l'idée d'un réel défini par des limites linguistiques. Bonnefoy conçoit plutôt l'écriture poétique comme le moyen d'explorer une nouvelle manière d'être au monde, ce qu'Emily McLaughlin nomme une "ontology of being-in-relation" (156). L'ontologie-en-relation de Bonnefoy se définit comme une praxis: l'existence et le sens du monde émergent d'une mise en relation toujours changeante entre des forces linguistiques et non-linguistiques—sensorielles et matérielles—plutôt que de représentations figées par le langage. Affirmant que le philosophe Jean-Luc Nancy partage cette vision originale de l'être et du réel, McLaughlin s'attache à dévoiler les points de contact entre la pensée des deux auteurs en examinant cette conception métaphysique au sein de trois recueils de Bonnefoy—Dans le leurre du seuil (1975), [End Page 240] Début et fin de la neige (1991) et Les planches courbes (2001)—dans trois chapitres dédiés chacun à une des œuvres. Dans sa poésie, Bonnefoy utilise notamment les actes de parole tels que l'adresse ou le consentement pour explorer la nature relationnelle de la conscience humaine, l'individu s'exposant aux autres et au monde dans ces situations verbales. Bonnefoy et Nancy s'accordent à dire que dans la parole performative, le sens n'est pas séparé du réel puisqu'il n'est exposé que dans l'acte verbal. Bonnefoy explore aussi le toucher comme une ouverture fusionnelle avec le monde. Tout comme lui, Nancy voit le contact comme une manière pour l'individu de se sentir absorbé dans l'univers matériel alors que sa conscience émerge de cette relation entre les forces qui l'entourent. Au-delà du tactile, le sonore, en particulier la voix humaine, se conçoit comme un espace dynamique où résonnent le corporel et le matériel, et d'où émerge la subjectivité. Pour Nancy, l'ouïe nous met en relation au monde dans un rapport fluctuant d'où se construit un moi toujours changeant. McLaughlin fait ici preuve d'une grande maîtrise de l'œuvre poétique et critique de Bonnefoy. Sa démonstration est convaincante et approfondie, avec des analyses de texte détaillées et fournies des trois recueils. Ses constantes mises en relation du discours de Bonnefoy avec la pensée contemporaine, allant de philosophes français et américains à de nombreux poètes y compris ceux de la négritude, ainsi que ses références à la poésie symboliste et aux sources philosophiques antiques, renforcent l'intérêt et la profondeur de son étude. L'ouvrage de McLaughlin semble cependant parfois se limiter à une série d'illustrations d'un seul point répété: la subjectivité et le réel se construisent dans un rapport entre des forces linguistiques et non-linguistiques. De plus, il est dommage que l'analyse de Nancy n'y soit pas plus développée. En effet, si le titre annonce une étude parallèle de Bonnefoy et du philosophe, celle-ci se concentre en très grande majorité sur le poète, avec certaines références anecdotiques, voire forcées, à Nancy.

Aurélie Van de Wiele
Salisbury University (MD)
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