- Migrants et apprentissage des langues: pratiques pédagogiques et approches innovantes. Le Langage et l'Homme éd. par Juliette Delahaie et Emmanuelle Canut
"Pourquoi encore écrire sur l'enseignement des langues étrangères aux publics migrants?" (7), c'est par ces mots que Delahaie et Canut ouvrent un dossier proposant en neuf travaux autant de façons d'élargir la réflexion et l'action dans le champ de la didactique des langues à destination des publics migrants. La première ouverture est celle qui consiste à prendre en compte les besoins et motivations des populations migrantes. Dans ce cadre, deux articles traitent de l'évaluation de deux dispositifs d'apprentissage par leurs usagers et usagères. Bien que Yar et Jourdain d'une part et Amireault et al. d'autre part envisagent des dispositifs différents (présentiel, obligatoire versus en ligne, facultatif), il en ressort un écart entre les besoins exprimés par les publics et l'enseignement reçu. Ces travaux mettent ainsi de l'avant des zones à améliorer. Parmi ces zones, il y a le travail sur l'écrit. Dans sa contribution, Canut propose justement un type d'exercice (la dictée à l'expert) qui permet la formulation et l'élaboration d'un oral "écrivable" afin de répondre à des situations concrètes de la vie. C'est précisément pour faire face à des situations réelles que Piccoli et Jouin rendent compte d'un dispositif visant à utiliser des vidéos de consultations authentiques comme support à l'apprentissage. S'ensuivent trois articles qui mettent de l'avant l'importance de l'approche interculturelle avec un public migrant. Maizonniaux et Deraîche présentent un dispositif tout à fait original où des migrant.e.s au Québec sont invité.e.s à échanger à propos de textes de la littérature migratoire avec un.e pair.e en Australie. Un tel dispositif laisse place à l'émotion et permet également à chaque migrant.e de comprendre que son expérience n'est pas unique. Morel-Lab rend compte d'une expérience en partie analogue, où il s'agit de conduire des apprenant.e.s [End Page 281] à se raconter notamment en termes d'identification à la culture du pays d'accueil. Pour mieux dialoguer avec cette culture, les médias sociaux gagnent à être sollicités. C'est ce que montre Costello dans son compte rendu d'une expérience où le Web social sert de lieu virtuel d'implication, d'autonomisation et d'échange tout en formant aux nouveaux codes du pays habité. En termes d'inclusion dans la société d'arrivée, l'insertion dans le monde professionnel est capitale. Or, les attentes des gouvernements (concernant les compétences à l'entrée) et les formations sont faiblement tournées vers le monde professionnel. Husianycia présente une démarche de didactique professionnelle tournée vers la conception d'un lexique spécialisé. Au final, c'est sans doute à une globalité de compétences que les publics migrants doivent être initiés. Del Olmo présente justement un livret pédagogique pour mineurs non accompagnés qui a l'ambition de proposer des apprentissages riches et décloisonnés. Enfin, le numéro comprend un dernier texte hors-thème. Toutefois, par un heureux hasard, il s'avère qu'il traite encore de didactique du français, non plus auprès des adules, mais des enfants et adolescents migrants. Voici donc un numéro qui saura intéresser toute personne délivrant une formation à une clientèle qui, nous l'espérons, bénéficiera de plus d'attention en termes didactiques.