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  • À l'intérieur de la menace par Blais Marie-Claire
  • Didier Bertrand
Blais, Marie-Claire, À l'intérieur de la menace. PU de Montréal, 2019. ISBN 978-2-7606-4052-8. Pp. 136.

Ce livre poursuit les méditations que Blais a commencées dans Passages américains (2012), essai qui propose une chronique de l'actualité des États-Unis, et constitue une réflexion sur les dangers de notre temps, s'attachant à trois événements: l'assassinat de Robert Kennedy le 5 juin 1968, la Marche de la paix du Canada à Guantanamo entreprise à Québec le 26 mai 1963 et la mort infligée par la Garde nationale américaine à quatre étudiants sur le campus de l'université Kent (Ohio) le 4 mai 1970. À l'intérieur de la menace nous amène à l'époque contemporaine, puisque l'essai traite de l'ère du racisme que constitue aux yeux de Blais la présidence de Donald Trump qu'elle trouve "d'une effarante incompétence," qu'elle appelle "le génie du mal," suivant l'exemple du cinéaste Michael Moore, et qu'elle compare à Hitler, Mussolini et Staline. Cet essai en dix-neuf parties de longueurs variées (d'une à vingt-deux pages), s'ouvre sur un questionnement initial: "Comment en sommes-nous tous venus là?" On passe vite aux nombreux excès du président américain, depuis le scandale de la séparation des enfants de leurs parents immigrants à la frontière du Mexique, d'avril à juin 2018, jusqu'à la nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême des États-Unis en septembre 2018. Blais consacre l'essentiel de son essai à établir le bilan des culpabilités et des formes de résistance offertes par nombre de personnalités politiques ou culturelles. Si l'essai ne laisse aucun aspect de "l'ère de la destruction" dans l'ombre, depuis DACA et les scandales de la politique immigratoire du président Trump, jusqu'à l'affaiblissement de l'Endangered Species Act et la réduction de l'aide internationale des États-Unis pour le fonds mondial de lutte contre le sida, Blais ne s'intéresse pas beaucoup à la question des relations internationales. En réalité, c'est sur les victimes que l'écrivain se concentre toujours: les enfants séquestrés à la frontière américanomexicaine, les victimes des ouragans (de Porto Rico à Key West) mal gérés par l'administration présidentielle, les animaux qui meurent des conséquences d'un réchauffement climatique que le président ne veut ni reconnaître ni traiter correctement—surtout s'il afflige des régions à populations basanées. Blais établit un véritable réquisitoire, dans lequel elle brosse le portrait d'un homme petit, raciste et vengeur, jaloux de la compétence des autres face à sa propre incompétence, et qui n'hésite pas à utiliser la censure et les injures publiques et personnelles à l'encontre de quiconque ose se dresser sur son chemin vers la dictature. Ce faisant, Blais se place clairement dans la lignée d'illustres prédécesseurs tels que Voltaire (l'Affaire Calas), Zola (l'Affaire Dreyfus), Sartre (le soutien qu'il a apporté à Jean Genêt) ou Chomsky (son opposition à la guerre du Vietnam). À travers ce livre, Blais se présente comme une véritable intellectuelle, assumant son rôle de mauvaise conscience de sa génération. [End Page 242]

Didier Bertrand
Indiana University-Purdue University Indianapolis
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