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  • La cinémathèque-musée: une innovation cinéphile au cœur de la patrimonialisation du cinéma en France (1944–1968) par Louis Stéphanie E.
  • Edward Ousselin
Louis, Stéphanie E. La cinémathèque-musée: une innovation cinéphile au cœur de la patrimonialisation du cinéma en France (1944–1968). AFRHC, 2020. ISBN 978-2-37029-023-6. Pp. 439.

Les origines de la Cinémathèque française remontent à 1935. Parmi ses fondateurs—Henri Langlois, Georges Franju et Jean Mitry—c'est le nom de Langlois, directeur jusqu'à sa mort en 1977, qui reste particulièrement associé à l'institution cinématographique parisienne. Plutôt que de retracer toute l'histoire de la Cinémathèque (comme l'avait fait Laurent Mannoni en 2006), Stéphanie Louis a choisi d'étudier plus spécifiquement la période qui va de la Libération jusqu'à "l'affaire Langlois", souvent présentée par ailleurs comme étant annonciatrice des manifestations et revendications socioculturelles de mai 1968. Durant cette période de "patrimonialisation du cinéma", la Cinémathèque, qui avait débuté en tant que ciné-club dans le contexte du mouvement cinéphile de l'Entre-deux-guerres, a considérablement évolué en s'agrandissant. L'association loi 1901 est progressivement devenue une véritable institution culturelle à l'échelle nationale: "la Cinémathèque française, association dédiée à la collecte des objets film et non-film, préfigure son media privilégié: le musée" (376). Bien qu'elle reste un organisme privé, la Cinémathèque peut être assimilée par son rayonnement et son influence à une institution étatique dotée d'une double mission: conserver et montrer. Une grande partie de son financement provient du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée). Le rôle grandissant de l'État dans le financement et le fonctionnement de la Cinémathèque est visible tout au long du livre de Louis, avec pour étape décisive la création du ministère de la Culture en 1959. En dépit de l'affrontement politique et personnel qui aura lieu plus tard entre Langlois et André Malraux, dans l'ensemble, comme le note l'auteure, les activités patrimoniales de la Cinémathèque sont tout à fait compatibles avec "la vision malrucienne de la France et son idée de la culture" (207). Louis aborde également les conséquences des commémorations: les cinquante ans du cinéma en [End Page 232] 1945 et surtout l'exposition commémorative organisée à l'occasion des soixante ans, qui constitue une étape essentielle du "rayonnement muséal" de la Cinémathèque: "1955 marque donc […] l'aboutissement de processus de définition concomitants et complémentaires du patrimoine cinématographique et du musée du cinéma" (170). Un chapitre de ce livre est consacré à la Cinémathèque de Toulouse, avec laquelle l'institution longtemps dirigée par Langlois a parfois été en situation de concurrence, voire de conflit: "La Cinémathèque de Toulouse s'implique donc dans une réforme des pratiques, mais aussi de la pensée, cinématographiques en France, proposant à certains égards une alternative à la Cinémathèque française" (266). Un autre chapitre retrace les activités visant à implanter à Lyon, ville des frères Lumière, une cinémathèque et un musée du cinéma. Abondamment documentée, utilement pourvue en illustrations, cette étude détaillée sera d'un grand intérêt pour tous les spécialistes de l'histoire du cinéma français.

Edward Ousselin
Western Washington University
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