Abstract

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Pour les écrivain.e.s africain.e.s et en particulier ceux/celles du centre du continent, comme Léonora Miano (Cameroun) et Scholastique Mukasonga (Rwanda), l'écriture est rarement le lieu d'une simple fiction éloignée de leur réalité. Elle est le lieu d'un questionnement permanent sur l'être et son environnement, son histoire et son identité. Partant de ce constat, une question se fait alors jour: à partir de quel moment l'évocation du passé peut-elle être perçue comme une hantise dans l'acte d'écrire et quel pourrait être l'enjeu que sous-tend cette évocation? Avec un fort capital symbolique, Miano et Mukasonga portent une parole politique et abordent des sujets sensibles, parfois inénarrables. C'est dans ce sens que l'Histoire est toujours la toile sur laquelle elles tissent leurs romans. En Afrique Centrale, elles contribuent à la création d'une scène littéraire où l'écriture—au-delà d'évasion possible—est « engagement et résistance »: engagement pour l'humanité à laquelle font partie les subsahariens du centre, en dépit des conflits fratricides qui ont souvent déstabilisé la région et déshumanisé l'autre, et résistance à l'effacement et à l'amnésie collective. Leur production mêle ainsi poétique et politique. Écrivant depuis la diaspora, nous observons depuis les premiers textes de Miano comme pour ceux de Mukasonga, une forme de revenance du passé qui apparaît comme la manifestation d'une hantise plurielle, prenant l'Histoire comme motif d'écriture: il s'agit pour l'une, de la « déportation transatlantique des subsahariens » et la colonisation; puis pour l'autre l'histoire du génocide rwandais qui trouve aussi son origine dans la colonisation.

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