Abstract

Abstract:

Kenya's refugee camps have evoked spectacular imaginaries of terrorism and humanitarian crisis. Drawing on everyday discourses and shared knowledges among camp administrators, this article reveals that these geopolitical narratives are underwritten locally by more generalized concerns about the imagined 'otherness' and moral degeneracy of the displaced. Refugees are thus portrayed as criminals and crooks, sexually deviant and idle, as well as 'mad' and uncivilized. Together, these tropes constitute a cultural text of encampment that reproduces postcolonial imaginings of difference and engrains the notion that 'refugeeness' equates to a state of 'moral disorder'. The article is based on ethnographic fieldwork conducted in Kakuma refugee camp in north-western Kenya's Turkana county. It argues that the discursive production of refugees as immoral subjects not only has practical effects for the actions of government officials and aid workers but rekindles a binary colonial mapping of the world into 'civilized' and 'uncivilized' spaces. These social imaginaries and banal discourses illustrate that the camp has not just a political but also an imaginative geography. Kakuma camp is hereby doubly excluded: from the modernity that humanitarianism ostensibly embodies and from the imagined moral community of Kenya.

Résumé:

Les camps de réfugiés au Kenya ont évoqué des imaginaires spectaculaires de terrorisme et de crise humanitaire. S'appuyant sur des discours courants et des connaissances partagées d'administrateurs de camp, cet article révèle que ces récits géopolitiques sont appuyés localement par des préoccupations plus généralisées concernant « l'altérité » et la dépravation morale imaginées des déplacés. Les réfugiés sont ainsi présentés comme des criminels et des escrocs, des déviants sexuels et des oisifs, ainsi que des « fous » et des non-civilisés. Ensemble, ces tropes constituent un texte culturel du campement qui reproduit les imaginations postcoloniales de la différence et instille la notion que « l'état de réfugié » équivaut à un état de « désordre moral ». Cet article s'appuie sur des travaux ethnographiques menés sur le terrain dans le camp de réfugiés de Kakuma, situé dans le nordest du Kenya, dans le comté de Turkana. Il soutient que la production discursive du réfugié comme sujet immoral non seulement a des effets pratiques s'agissant des actions des agents de l'État et des travailleurs humanitaires, mais aussi ravive une cartographie coloniale binaire du monde divisée entre espaces « civilisés » et « non civilisés ». Ces imaginaires sociaux et discours banals illustrent le fait que le camp n'a pas seulement une géographie politique, mais aussi une géographie imaginative. Le camp de Kakuma est par là-même exclu à double titre : exclu de la modernité que l'humanitarisme est censé incarner et exclu de la communauté morale imaginée du Kenya.

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