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  • Les embellissements d'Aix et de Marseille : droits, espaces et fabrique de la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles by Julien Puget
  • Agueda Iturbe-Kennedy
Julien Puget. Les embellissements d'Aix et de Marseille : droits, espaces et fabrique de la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018, 370 pages.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la modernisation des villes du royaume de France passe souvent par leur extension au-delà de l'enceinte. C'est à ces chantiers d'agrandissements que Julien Puget consacre son étude des embellissements des capitales politique et commerciale de la Provence, Aix et Marseille, commencés respectivement en 1646 et 1666. S'il évacue rapidement les perspectives d'histoire architecturale et urbaine traditionnelles, l'auteur annonce son intention d'étudier les processus de la fabrique de la ville et la place de la jurisprudence dans ces processus. L'analyse de la trame urbaine et de l'élévation architecturale de ces entreprises d'extension des deux villes provençales est donc délaissée au profit d'une étude des modalités de transfert et d'acquisition de propriété, de l'intervention des citoyens dans l'émergence de ces villes neuves et de la mutation des règlements engendrée par cette urbanisation du territoire.

L'exploration d'un important corpus de sources permet ainsi au chercheur de dresser une chronologie précise de l'implication des différents acteurs de la mutation de la ville. Cette chronologie guide le plan de l'ouvrage. Le roi est ainsi présent dans les premiers temps du projet pour en autoriser l'exécution, tandis que les pouvoirs municipaux s'organisent pour coordonner et gérer la croissance des villes. Les propriétaires initiaux des terrains et promoteurs des projets agissent dans les premiers temps pour la division des parcelles et l'établissement des premiers contrats de vente. Par la suite, ce sont les acquéreurs des terrains, les professionnels mandatés par les pouvoirs municipaux et les travailleurs de la construction qui façonnent ces nouvelles villes. Enfin, en proposant un discours sur la ville, les citoyens achèvent cette démarche d'appropriation de l'espace urbain. Tout au long du développement, ce livre permet de mieux saisir l'utilisation du droit au profit des intérêts des intervenants, notamment par l'étude des différentes formes de propriété et des modalités de transfert des [End Page 66] biens effectués par les particuliers, mais aussi le recensement et le renouvellement des règlements de police.

Concentrée sur la seconde moitié du XVIIe siècle (l'agrandissement d'Aix ayant été entamé en 1646 et celui de Marseille en 1666) l'étude de Julien Puget conjugue avec fluidité les échelles d'étude (de la parcelle à la ville en passant par l'îlot et le quartier), en naviguant d'une ville à l'autre tout en proposant ponctuellement des comparaisons avec des cas similaires d'extension urbaine, dont l'agrandissement de Lille, autre chantier urbain d'envergure lancé sous Louis XIV. Cette variation d'échelles et l'approche comparative permettent de généraliser certains constats pour les étendre à l'ensemble du royaume.

Des études de cas ponctuelles, qui relèvent de la microhistoire, s'appuient sur une utilisation judicieuse de la base de données établie à partir des sources exploitées et dont la mise en relation avec un SIG (système d'information géographique) offre un support visuel essentiel à la démonstration que fait le chercheur de la contribution des particuliers au façonnage de la ville. Les temps forts de cette démonstration, dont l'envergure des échanges de propriété effectués par les acquéreurs des parcelles de l'îlot des Feuillants et de l'îlot Cortès à Aix et l'étude des évolutions des prix des terrains dans les deux villes, sont ainsi étayés par le SIG.

Les constructeurs, et notamment les maîtres maçons, prennent aussi place dans le portrait de la création urbaine dressé dans ce livre. Par l'acquisition de parcelles dans la...

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