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  • Modèles et fiction à l’âge classique et au Siècle des Lumières par Françoise Gevrey
  • Éric Francalanza (bio)
Modèles et fiction à l’âge classique et au Siècle des Lumières par Françoise Gevrey
Honoré Champion, 2019. 446pp. €42.65. ISBN 978-2745-349606.

L’ouvrage présente une anthologie des travaux de l’auteur, et en pos sède les qualités principales: exemplarité dans le choix des sujets, complétude sur la question proposée, construction d’un cheminement à la fois critique et didactique, encadrement par une présentation, un index et une bibliographie, actualité scientifique. Composé de vingt-six articles, dont un inédit, distribués dans cinq chapitres, que présente un avant-propos précis et concis de Jean-Louis Haquette, l’ensemble couvre certes l’âge classique et les Lumières, mais envisage également, dans le dernier chapitre, « Lectures au xixe siècle » (371–423), quelques continuités majeures, de Stendhal (lecteur de Montesquieu) aux frères Goncourt (lecteurs de La Bruyère) en passant par Flaubert (lecteur de Bernardin de Saint-Pierre), ce que ne laisse pas présumer le cadre chronologique du titre, mais qui se révèle d’une heureuse cohérence (quand la narration et les auteurs de l’ère classique, lato sensu, deviennent « modèles »).

La question des rapports de la fiction à ses modèles, qu’ils relèvent de la narration ou du théâtre, constitue le cœur du volume. Aussi bien la notion de modèle est-elle déclinée dans toute sa polysémie: sont tout autant explorés les sources et les intertextes que les rapports entre texte et hypo texte dans le cas de la parodie et de toutes les formes de translation générique, que les relations à la traduction dans le cadre de la mimesis, que le degré de conformité aux théories du temps, que la théorisation même des écrivains (préfaces, notamment) qui cherchent à définir les genres qu’ils mettent en œuvre, tant sont fluctuantes, nous le savons, les appellations génériques à cette époque (histoire, roman, nouvelle, anecdote, conte ...). Ce sont là perspectives capitales que croisent la plupart des enquêtes pour dégager avec rigueur la singularité des œuvres et leur inscription dans une histoire des genres, formes et styles. Les écarts, décalages, variations, transformations et autres modifications sont autant de moyens de mesurer les faits de réécriture et, plus généralement, le rapport aux modèles aussi bien avoués qu’implicites, et de s’interroger sur ce qui fait le sens particulier d’une œuvre ou d’un style. Il suffira de (re)lire l’étude consacrée à cet étonnant « cas-limite » qu’est la Brochure nouvelle de G. de Mondorge pour saisir la portée de cette méthodologie (353–67). Car c’est bien une des vertus de l’anthologie que de faire apparaître une méthodologie en action, implacablement efficace.

Bref, le livre présente un travail d’autant plus complet qu’il a été, rappelons-le, mûri de longues années (les publications couvrent, inédit évidemment mis à part, les années 1980 à 2011), et qu’il permet de retrouver, en renfort de L’Illusion et ses procédés. De La Princesse de [End Page 288] Clèves aux Illustres Françaises, publié chez Corti en 1988, et d’éditions de textes comme celle des Textes critiques d’Houdar de La Motte réalisée avec B. Guion (Champion, 2002), des études majeures abordant les questions fondamentales que pose le rapport de la fiction à ses modèles entre 1678 et 1792. Plus spécifiquement, les articles traitent des écrivains et œuvres de prédilection de l’auteur (Mme de Lafayette, Courtilz de Sandras, Robert Challe, Houdar de La Motte, et c’est à lui qu’elle consacre l’inédit), mais ils traversent également tout le xviiie siècle en prenant appui sur le xviie: Lesage, Marivaux, Montesquieu, Voltaire, Prévost, Crébillon, Rousseau, Diderot, Saint-Lambert, Laclos, Florian, sans compter de moins illustres comme Gautier de Mondorge ou Louis d...

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