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Reviewed by:
  • Empreintes rouges. Nouvelles perspectives pour l'histoire du communisme français dir. by Dimitri Manessis and Guillaume Roubaud-Quashie
  • Morgan Poggioli
Dimitri MANESSIS et Guillaume ROUBAUD-QUASHIE (dir.), Empreintes rouges. Nouvelles perspectives pour l'histoire du communisme français, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Histoire », 2018, 240 p.

L'ouvrage Empreintes rouges est la traduction des travaux des journées doctorales « Perspectives pour l'histoire du communisme français » organisées les 14 et 15 octobre 2016 aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis à Bobigny et au Centre Malher (université Paris 1). L'intérêt et l'originalité du livre résident donc principalement dans le profil des auteurs, puisque sur dix-sept contributeurs, on ne compte pas moins de douze doctorants et quatre conservateurs-archivistes proposant au lecteur un aperçu des recherches en cours et des nouveaux fonds documentaires disponibles.

Suivant quatre parties, le livre explore quatre types d'approches: sociales, globales, culturelles et archivistiques. Les trois premières parties sont ainsi consacrées aux recherches, la dernière aux sources. Si cette quatrième s'est par essence intégralement intéressée aux « empreintes » laissées par le PCF et/ou le communisme français, on pourra regretter que les contributions présentant les thèses en préparation n'aient pas toutes eu également cet intérêt à questionner la mémoire et les traces de leur sujet d'étude.

Il n'en reste pas moins qu'au fil des pages, le croisement des approches prosopographiques (militants juifs parisiens, secrétaires fédéraux du Front populaire), locales (Bas-Rhin des années 1920, Algérie de l'entre-deux-guerres, Secours rouge/populaire à Marseille des années 1930), connectées (Souvarine et les dissidents de la Deuxième Internationale, les brigades internationales, les communistes marseillais et la guerre d'Algérie) ou culturelles (philosophie, théâtre, urbanisme) donne à voir un véritable dynamisme en termes de recherches historiques, quand le PCF actuel semble, à l'inverse, tombé en léthargie. Nous ne proposerons pas ici un résumé de chacune des contributions mais relèverons plutôt ce qui, à notre sens, fait la force, l'intérêt de ce livre et des questionnements soulevés par la notion d'empreinte.

Que ce soit des extraits, des aperçus de leurs recherches doctorales ou des pistes de réflexion, chacun des auteurs expose des résultats inédits. Il en est pourtant qui se démarquent par le peu « d'empreintes » historiographiques laissées jusqu'ici. Le cas de la fédération du Bas-Rhin tout comme celui de l'Algérie sont sur ce point exemplaires. Enfants pauvres de la recherche sur le communisme, ces deux études locales, menées respectivement par Pierre Krieger et Éloïse Dreure, présentent des points communs que l'on n'imaginerait pas a priori. En effet, ces deux articles traitent, [End Page 200] suivant des particularismes et des inscriptions territoriales différentes, de la question de l'autonomie. Autonomie des périphéries vis-à-vis du centre évidemment, mais surtout revendications autonomistes – régionale pour le Bas-Rhin et nationale pour l'Algérie – qui renvoient au traitement de la question nationale et anticoloniale par le PCF, à ses hésitations, ses faiblesses, voire ses revirements. Dans les deux cas, le parti connaîtra scission/division, tantôt subie avec les autonomistes alsaciens, tantôt imposée avec la création du PC Algérien, mais toujours contrariée, ce qui explique peut-être aussi pour partie l'amnésie militante et historienne.

Pour ce qui relève de la mémoire militante, le cas des Brigades internationales semblait, a contrario, avoir bénéficié d'une attention certaine du parti. La contribution d'Édouard Sill nous démontre pourtant que l'écriture d'une histoire officielle de l'épopée brigadiste a connu un long processus, à la croisée d'objectifs politiques et mémoriels contradictoires, pour finalement échouer et être abandonnée à la faveur des primats soviétiques (pacte germano-soviétique puis victoire sur le nazisme et déstalinisation). À l'opposé, la construction d'un théâtre communiste international, durant...

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