Islamic Schools in France: Minority Integration and Separatism in Western Society by Carine Bourget (review)

La France abrite environ cinq à six millions de musulmans,⁸ dont la plupart sont des travailleurs immigrés maghrébins,—venus des anciennes colonies françaises de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie principalement après la Seconde Guerre mondiale—, et leurs descendants. Le fait que la présence musulmane en France soit liée à l'histoire coloniale "joue un rôle majeur car les bagages coloniaux et les stéréotypes sur l'islam contribuent à fausser le débat" (xiv). Des controverses et des débats sur la question y font d'ailleurs la une des journaux nationaux depuis 1989. Tout a commencé lorsque le foulard islamique est apparu dans les écoles publiques et a déclenché "l'affaire du foulard" (hijab), qui a duré quinze ans et s'est terminée par la loi de 2004 interdisant les symboles religieux ostensibles dans les écoles publiques, avant d'être suivie par plusieurs autres.⁹ Ces divers débats ont eu lieu dans le cadre de la laïcité et de l'intégration; pourtant c'est la visibilité des musulmans et des symboles islamiques en public qui est vraiment en jeu, ainsi que la prise de conscience que ces musulmans sont désormais des citoyens français, et non plus des immigrés.

Le livre de Carine Bourget Islamic Schools in France: Minority Integration and Separatism in Western Society est une source précieuse pour comprendre les débats sur les musulmans français en général et sur les écoles musulmanes privées en particulier.¹⁰ Il s'agit d'une référence indispensable pour les universitaires, les professeurs, les étudiants et toute personne qui souhaite comprendre le débat continu et controversé sur l'intégration des musulmans dans la société française. Le livre est concis, bien organisé et si clairement écrit qu'il s'adresse autant aux spécialistes qu'aux néophytes. Islamic Schools in France constitue aussi la première étude complète sur le phénomène croissant des écoles musulmanes privées à plein temps en France (xiii). L'ouvrage propose de répondre à la question de la compatibilité de l'islam avec l'Occident à travers l'étude de l'enseignement privé musulman à plein temps en France (xiii). Il examine également si les écoles musulmanes participent au communautarisme tant condamné par les politiciens et dont les musulmans sont souvent accusés ou, au contraire, se demande dans quelle mesure leur fondation est un signe d'intégration dans la République française, étant donné que la majeure partie de l'enseignement privé en France est subventionnée par le gouvernement (xvi).

En plus d'une introduction et d'une conclusion, ce livre est divisé en deux parties: la partie I, "Contexte," comprend deux chapitres et la partie II, "Écoles musulmanes," comprend quatre chapitres. Le premier chapitre examine les deux termes qui sont au cœur du débat sur l'assimilation des musulmans dans la société française: communautarisme et intégration. Il souligne que les musulmans sont de plus en plus accusés de communautarisme (4), et montre comment, dans la France contemporaine, le terme de communautarisme est de plus en plus utilisé en politique à des fins de gains électoraux, et fait toujours référence à une menace posée par l'islam (5). Quant à l'intégration, les musulmans ne voient pas de conflit entre leur identité française et leur identité musulmane. Les musulmans se décrivent comme "citoyens français de confession musulmane," et les chercheurs utilisent cette auto-description, tout comme celle de "Français musulmans." De plus, deux indicateurs d'intégration culturelle, les mariages mixtes et l'utilisation du français à la maison, ont rapidement augmenté au fil du temps (8). Le chapitre poursuit en expliquant que l'ouverture des écoles musulmanes en France s'inscrit dans un mouvement populaire et que leur nombre croissant...