In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle? by Cahiers Robinson
  • Suzanne Pouliot
Cahiers Robinson. "Une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle?" no. 46, 2019. ISBN 9782848323497. 210 p.

Le quarante-sixième numéro de la revue analyse l'offre littéraire contemporaine pour la jeunesse au prisme d'une européanité hypothétique ou réelle. Christine Mongenot (7–11) oriente sa réflexion, dans le texte introductif, sur "les passerelles qui permettent non l'homogénéisation de la littérature de jeunesse mais bien la circulation des formes littéraires et des genres et leur reconfiguration continuelle et différenciée au sein d'un espace culturel comme l'Europe" (9). L'auteure mentionne les recherches à mener pour compléter le tableau (11).

Directeur de la revue, Francis Marcoin présente "Une histoire en fragments" (13–23) plutôt qu'une histoire continue, puisque "Parler de l'Europe, c'est parler de la paix et de la réconciliation" (13) et d'un continent caractérisé par plusieurs langues. Marcoin rappelle que c'est au siècle des Lumières que la littérature pour la jeunesse est née, en Europe, comme phénomène lié à une édition spécialisée (15). Il relève divers genres littéraires qui ont vu le jour dont la berquinade, issue de plusieurs sources étrangères, et les récits de voyage. À l'universalisme des Lumières succède le romantisme, ancré dans des territoires nationaux et partagé par différents pays (18). C'est dans ce contexte que les œuvres de Jules Verne et de l'auteur de Sans [End Page 237] famille, Hector Malot, circulent, et plus tard, Le Tour de France par deux enfants de G. Bruno. En conclusion, pour l'auteur, l'Europe, en littérature pour la jeunesse, n'existe que vue comme reconfigurée.

Sylviane Ahr interroge "La Notion de 'prix européen' en littérature de jeunesse" (25–35). À cette fin, l'auteure recense les prix créés, en Europe, depuis 1926, en Belgique, et constate outre leur faible retentissement, le fait qu'ils soient segmentés par groupes d'âge et par types d'ouvrages, conformément à l'offre éditoriale existante (26), pour mieux faciliter le tri et ainsi guider le lectorat. En fin de parcours, Ahr constate que la diversité européenne est limitée. En fait, ce qui caractérise les auteurs primés, c'est le caractère universel du monde occidental de leurs œuvres et elle affirme que, par conséquent, le label "prix européen" ne se justifie guère.

Morgane Vasta signe "Enjeux de la traduction en France et politiques éditoriales: Le roman pour adolescents" (39–45). En regard de cette production spécifique, l'auteure constate son caractère hybride et sériel, tant au niveau des genres que des supports retenus. La surreprésentation des romans anglo-saxons fait qu'ils constituent à eux seuls 89% des romans pour adolescents traduits en français et contribuent activement à enrichir le champ littéraire. Pour Vasta, si les données énoncées offrent un instantané du monde éditorial, elles ne reflètent pas pour autant l'évolution des catalogues, puisque la place des traductions fluctue selon les politiques éditoriales et l'évolution des équipes, tout en offrant quelques courants alternatifs comme le sont les light novel japonais (45).

Parmi les contributions retenues pour ce numéro, se trouve celle de Charlotte Lindgren, Högskolan Dalarna et Valérie Alfvén qui signent "L'Envolée des auteurs et illustrateurs français en Suède (2010–2017)" (47–55). L'article fait état de la présence de la littérature de jeunesse française en Suède étalée sur une période de sept ans. Dans un premier temps, les auteures s'interrogent sur l'ouverture aux traductions en Suède. Elles constatent qu'en 2017, 44% de la production littéraire est constituée de traductions. C'est en littérature de jeunesse que se trouvent le plus de traductions, soit 383 titres traduits contre 523 suédois. Si l'influence anglo-saxonne y...

pdf