Abstract

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En 2017, le roman graphique Péyi An Nou, "Notre pays" en créole guadeloupéen, écrit par Jessica Oublié et illustré par Marie-Ange Rousseau, paraît aux Éditions Steinkis. Péyi An Nou retrace l'histoire du BUMIDOM autour des récits des déplacés, de leurs familles et de l'examen approfondi par les deux autrices de son fonctionnement et de ses conséquences sur les territoires de départ. Le BUMIDOM, ou Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer, a été créé en 1963 par Michel Debré (ancien premier ministre du président Charles de Gaulle, député de La Réunion de 1963 à 1988) et durera jusqu'en 1982. Le but présumé du BUMIDOM était d'organiser et de contrôler l'émigration depuis la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et La Réunion vers la France hexagonale face à la dégradation de la situation économique et sociale des familles ainsi qu'à l'instabilité politique dans les DOM.

Dans cet article, nous nous interrogeons sur les enjeux du passage par la bande dessinée pour raconter un fragment de l'histoire collective de la France en rassemblant les voix porteuses d'histoires individuelles, et cela, afin d'examiner les possibilités esthétiques et éthiques de l'intermédialité suggérée ou montrée dans Péyi An Nou, qu'il s'agisse d'appels téléphoniques, de communications médiées par ordinateur, ou encore du magnétophone nécessaire à l'enregistrement de témoignages et à la circulation des mémoires. Plus particulièrement, nous nous proposons d'envisager une intermédialité à la fois éthique et esthétique donnant à voir des formes de rapprochement non seulement dans la création artistique, mais également dans la quête d'une responsabilité partagée pour penser la diversité de l'histoire de France hexagonale et ultramarine.

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