Abstract

Abstract:

La production récente d'essais, de romans et de chansons autour des questions de masculinité en France traduit une interrogation croissante sur la place, l'éducation et le comportement des hommes à l'heure où les mouvements féministes gagnent en visibilité. À la différence des intellectuels ou des polémistes (tels qu'Éric Zemmour) qui déplorent une forme de féminisation de la société et une perte d'autorité masculine, cet article s'intéresse à l'expression des altermasculinités (des masculinités non hégémoniques) en prenant en compte une diversité (une intersectionnalité) de dominations. Ce travail se penche plus particulièrement sur l'écrivain et intellectuel engagé, Édouard Louis, qui propose, depuis la parution de son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule (2013), une réflexion sur la classe ouvrière, la politique française et les questions de sexualité et de masculinité. Cette analyse souligne la façon dont l'écriture des corps, du milieu ouvrier, de la masculinité hégémonique rend compte d'une domination à la fois individuelle et collective. À travers son récit, Louis réfléchit aux effets de la politique et à la nécessité de sa transformation autant qu'il fait réfléchir sur eux. Ses discours, littéraire et médiatique, témoignent alors d'un engagement politique (dans le sens de "faire société") pour rendre le monde meilleur. En analysant le mode d'écriture autobiographique de Louis, la peur de la marginalisation et la problématique du silence et de l'exclusion sociale, cet article met en lumière la potentialité empathique et révolutionnaire de ce récit.

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