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Deviner enfin en quoi la semence des fleurs est fondamentale pour contrarier la progression de la famine et la mort constitue de prime abord un affront aux yeux du Malfini: “Pourquoi la force et la puissance seraient-elles allées se réfugier dans une poussière de fleurs?” (159). Or, à travers les découvertes du rapace qui ne cesse d’être davantage impressionné par les actions insolites et en somme salvatrices du colibri, se tisse un beau plaidoyer écologique selon lequel la diversité et la cohabitation des espèces s’avèrent indispensables à la survie de la Terre dont Rabuchon n’est qu’une parcelle représentative. Allant de l’imperceptible battement d’aile d’un colibri aux grands enjeux du réchauffement climatique, le texte de Chamoiseau ne relève donc point de la théorie du chaos. Au contraire, comme l’envol du Foufou dans lequel le Malfini finit par discerner une œuvre de précision, ce roman est un “véritable concert [...] un fait de pleine conscience, sous l’éclairage d’une volonté ardente, et donc vaste comme le monde” (152). Boise State University (ID) Jason Herbeck CHARDIN, PHILIPPE. Le Méchant Vieux Temps. Arles: Actes Sud, 2008. ISBN 978-2-74277689 -4. Pp. 120. 13,80 a. Ce court roman de Philippe Chardin examine de façon subtile et ironique le cruel passage du temps sur les êtres. Fidèles à la promesse qu’ils s’étaient faite lorsqu’ils n’étaient encore que des lycéens, une bande d’amis se retrouve, comme tous les dix ans, chez l’un d’entre eux. Loin de Paris, ils sont cette année conviés chez Adeline qui vit à la montagne, au pays “des châtaigniers et des marrons glacés” (12). Tous sont au rendez-vous, sauf Jean-François, dont la mort subite et choquante vient soulever les problèmes existentiels de chacun. Ces réunions font, bien entendu, l’objet de sentiments ambigus où joie et hantise attendent chaque participant. Il y a d’abord une certaine curiosité à évaluer son propre vieillissement par rapport à celui de ses camarades et ce “léger rapetissement” (13) chez les hommes n’est que moindre mal par rapport aux ravages physiques que semblent avoir subis les femmes. Mais les soucis de santé sont toujours au cœur des discussions: problèmes de tension, de vertèbres, de prostate, de vessie, de cancer et même de SIDA, car “les vieux, ça se détraque!” (86). Héritiers de la vague soixante-huitarde, ils constatent aujourd’hui leur désenchantement face à des rêves impossibles à réaliser et des idées libertaires qu’ils n’ont pu conserver. Outre la réussite professionnelle qu’ils mesurent de façon superficielle, l’heure est plutôt aux inventaires amoureux. Ayant à présent atteint la cinquantaine, le narrateur comprend en revoyant Adeline qu’il n’a toujours pas surmonté sa blessure amoureuse originelle. Jeune, il aimait follement cette fille qui lui a cependant préféré Guido, son meilleur ami. A jamais meurtri, notre narrateur brille désormais par son incapacité à fonder une relation durable: “Des hommes autour de moi n’avaient jamais rencontré ‘la femme de leur vie’ et s’en étaient passés sans peine; moi je l’avais dix fois rencontrée et je l’avais dix fois perdue [...] moi je faisais et défaisais sans fin une vie que je ne nouais pas” (85). Le héros découvre aussi que certains sentiments peuvent résister au temps: ni sa jalousie contre ce rival qui n’en est plus un, ni son ressentiment contre cette femme qui ne lui plaît plus, n’ont disparu. Si l’on reconnaît une certaine influence proustienne, c’est sans doute que l’évocation du passé ressemble fort à une chanson triste dont la mélodie résonne à travers le temps. Ainsi, ce n’est qu’en quittant ses amis que Reviews 411 le narrateur comprend combien il leur est profondément attaché: “Comment ferai-je pour passer dix ans sans revoir ces gens que j’aime et que je hais avec l’intensité, l’exagération, la ferveur avec lesquelles...

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