In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

CHELEBOURG, CHRISTIAN et FRANCIS MARCOIN. La Littérature de jeunesse. Paris: Armand Colin, 2007. ISBN 978-2-2003-4716-1. Pp. 127. 9,40 a. Cet ouvrage concis, d’écriture dense, constitue une excellente introduction au champ en expansion de la littérature de jeunesse en France. Si un des objectifs avoués du livre est de définir les enjeux et les limites de la nouvelle matière ajoutée depuis 2005 au concours de recrutement de professeur des écoles (la littérature de jeunesse), il propose également un survol historique des origines éducatives des livres pour enfants et de l’aspiration de leurs auteurs à rejoindre la littérature tout court, “une entreprise artistique fondée sur l’ambition de ‘faire œuvre’, de renouveler les règles et de les subvertir” (8). La première partie, un historique en deux parties, reprend les questions classiques de la définition du public, enfantin ou plutôt non-adulte (du bébé à l’adolescent), de sexe masculin ou féminin; de l’édition, avec le développement des librairies spécialisées au dix-neuvième siècle à la suite des bouleversements techniques et de la démocratisation de la lecture; des genres, de la comptine au roman, sans oublier le conte et le journal, surtout au vingtième siècle. On y retrouve une évocation des glissements observés dans la reconnaissance des ouvrages et des auteurs, propagande ou censure justifiée par la morale (du scoutisme à la loi de 1949), et un écho des débats autour de la constitution d’un “canon” de la littérature enfantine, au-delà des œuvres “patrimoniales” et “classiques ” (44). Le rôle prescripteur de l’école est reconnu comme essentiel dans l’essor du champ, avec l’auteur-créateur, non commercial, au cœur des débats actuels, la sélection des titres par les bibliothécaires se faisant dorénavant “non plus au nom de la morale, mais de la qualité” (46), une notion parfois difficile à appliquer dans des formes nouvelles, bande dessinée et album, ou revisitées, comme le théâtre. Les auteurs soulignent enfin l’explosion récente de l’institutionalisation du champ (colloques, thèses, ouvrages critiques...) confirmée d’ailleurs par l’installation du Centre national de la littérature pour la jeunesse au site François Mitterrand de la BNF à l’automne 2009. La deuxième partie aborde la “poétique”, au sens de Bachelard, de cette littérature, sa “capacité de créer par la rêverie des mondes neufs” (64) et examine comment les objectifs qu’elle se propose—former les esprits et édifier, par la religion, la morale, l’idéologie; éduquer en transmettant des savoirs; distraire et divertir un public jeune—affectent l’écriture des œuvres, et leur diffusion, par des effets de censure ou des politiques commerciales. Deux stratégies sont mises en avant pour transmettre le savoir: l’information narrativisée, où le contenu est “l’objet principal de l’œuvre” (74), avec l’exemple de la mythologie racontée aux enfants ou la narration informée, procédé d’écriture de romans historiques récents, qui, suivant l’exemple de Dumas, mettent en scène “dans une ambiance THE FRENCH REVIEW, Vol. 84, No. 2, December 2010 Printed in U.S.A. REVIEWS Literary History and Criticism edited by Hope Christiansen 374 d’époque correctement rendue” (79) des personnages fictifs. Les auteurs nous rappellent que “enseigner sans ennuyer, éduquer en distrayant” (79) est un objectif important de la littérature de jeunesse qui, on le sait depuis le succès de Jules Verne, “ne s’aime vraiment que récréative” (81). La spécificité de la littérature de jeunesse peut enfin se retrouver dans ses thèmes: “un roman de jeunesse, c’est souvent un roman qui parle de l’enfance” (90), la plupart du temps autobiographique. L’enfant, entouré de sa famille pour les plus jeunes, en bande pour les plus grands, devient personnage par une transposition héroïque, qui implique la séparation d’avec les parents. Qu’ils abordent des questions sociales ou qu’ils décrivent des ailleurs imaginaires temporels...

pdf

Share