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caractère fictif de l’existence de Savigny, dont le nom figure sur la couverture, repose sur la sagacité du lecteur qui aura fait quelques recherches et recoupements. “Autorisée” fait donc référence à l’accord donné à Savigny par Puech de rédiger cette biographie (autorisation fictive puisque le premier est une invention du second). Mais il renvoie tout autant à l’origine du mot qui, tout comme “auteur”, désigne un individu qui de par sa position sociale devient le garant d’une transaction , et qu’on n’a d’autre choix que de croire. D’auteurs et de transactions, il est constamment question dans ce livre. Trois rencontres viennent étayer, par effet de symétrie, les bases de la réflexion de Puech sur son sujet. Au premier tiers du livre, Jordane rencontre Delancourt, un écrivain qui a décidé de cesser d’écrire, et dont chaque livre est une parabole dont le dépassement serait une trahison, “entre le désir d’une communion en dehors du langage et la trace écrite qui le nie à jamais” (123). La deuxième rencontre à lieu à mi-chemin: Jordane fait la connaissance d’un certain JeanBeno ît Puech, dont l’aisance verbale lui fait penser qu’il devrait s’en méfier, car “rien n’est plus trompeur que le verbe pour qui ne peut vivre sans lui” (145). Au deuxtiers du récit a lieu une dernière rencontre entre Jordane et Delancourt, rencontre filmée, au cours de laquelle Delancourt semble revenir de l’ombre, et qui incite Jordane à se soustraire une bonne fois pour toute à l’univers des écrivains. Lorsqu’on sait que Jean-Benoît Puech fut un proche de Louis-René des Forêts, il est tentant de voir dans cette partie du récit un parallèle avec la vraie vie (Jordane serait Puech, et Delancourt des Forêts) et une brusque tangente prise avec cette dernière (des Forêts redevenant un visage et une vie derrière un nom, Jordane disparaissant dans une obscurité légendaire). Au final, cette Biographie autorisée montre moins, en apparence, que ce qu’elle contient: un jeu complexe et ludique sur le langage et son dépassement au centre duquel l’auteur manie les miroirs. Alliance Française de Denver (CO) Jean-François Duclos SERHANE, ABDELHAK. L’Homme qui descend des montagnes. Paris: Seuil, 2009. Pp. 259. ISBN 978-2-02-099975-5. 18,50 a. Dès son entrée dans le champ littéraire marocain de langue française, Abdelhak Serhane a opté pour une voix/voie d’engagement, de critique acerbe des maux de la société marocaine. Tout au long d’un parcours qui rassemble des romans allant de Messaouda (1984) à L’Homme qui descend des montagnes, l’écrivain demeure fidèle à lui-même. Sa dénonciation ouverte des fléaux sociaux a entraîné des rages et des révoltes qui ont fait naître une écriture violente. Ce récit, d’inspiration autobiographique , nous entraîne dans le sillage de l’enfance durant les années cinquante au sein d’une famille berbère très pauvre, installée dans un village du HautAtlas . Dès les premières pages, on aperçoit une famille brisée, écrasée sous le poids du dénuement et de la misère matérielle et affective. Le ton est donné. L’écrivain décrit de façon remarquable l’indicible douleur d’un garçon rejeté et maltraité par un père violent et autoritaire. La mère, soumise et obéissante, subit en silence les zones sombres de son destin. Le jeune enfant survit aux agressions parentales, au vide de sa vie et à sa condition misérable, en créant son propre univers. Il parvient à apprendre le français, grâce à des pages de journaux avec lesquels son père a recouvert les murs de la maison, découvre les premiers émois 624 FRENCH REVIEW 84.3 sexuels, et se laisse porter par le cours des événements en cherchant une improbable issue. Dans l’évocation de ses souvenirs lointains, il se réclame longuement de la complexité de ses...

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