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rattrapage, avec des lacunes en grammaire et orthographe (50) qui surprennent certainement, même en considérant qu’année après année, à commencer par l’Amérique, les mois d’école ne se déroulent pas tous auprès de Breton. Une semblable voix paternelle s’exprime dans les remontrances faites à Aube comme en refrain, d’écrire au père de Breton, qui contribue au financement de l’éducation de sa petite-fille et parfois même aux travaux de la maison de Saint-Cirq-Lapopie (53), d’où provient une bonne partie des lettres. Une activité commune réunit Aube et Breton dans la correspondance, la recherche et collection des papillons, auxquels s’ajoutent, dans le Lot, les trouvailles d’agates. Le mariage d’Aube avec le peintre Yves Elléouët, qui a lieu entre les envois du 8 octobre 1956 et du 9 mai 1957, ajoute un deuxième destinataire dans les lettres et semble atténuer la voix conseillère du père, qui souhaiterait en 1952, dans une formulation curieuse pour le père du surréalisme, voir chez Aube, “un peu moins de cinéma et de déambulation au hasard” (60). La postface de Jean-Michel Goutier met en garde contre la tentation , qui existe peut-être dans un cas comme celui-là, d’opposer le surréalisme de Breton aux lettres écrites à Aube. Quand Breton est éloigné de Paris, il s’en remet parfois à Aube pour prendre des nouvelles des rencontres du groupe surréaliste au café, demandant, en 1961, “qui s’y trouve” et “ce qui s’y dit” (133). Au nombre des auteurs que Breton aime à évoquer pour Aube figurent un Musset “qui valait sûrement mieux que Prévert” (48), figurent aussi Mallarmé et Maeterlinck. On voit Benjamin Péret comme un personnage récurrent, partant avec Breton aux puces “tous les samedis matin” (36), prêtant de l’argent à Breton (84), malade en 1959 (127), et encore présent à travers l’association créée en sa mémoire, source en 1963 d’un nouveau grief de Breton contre le “stalinien à toute épreuve” Aragon (139). Le surréalisme surgit de manière ponctuelle, à des moments-clé de son histoire tardive, comme lors de la découverte, en 1953, du jeu bientôt nommé L’un dans l’autre, “de nature à révolutionner la conception de l’image poétique” (82), ou l’année d’après pour la création de cartes postales qui tirent la valeur commémorative vers le hasard, dans des combinaisons d’images et de mots inattendues (87). Les lettres d’Aube peuvent manquer à la curiosité du lecteur qui voudrait saisir les mots derrière les mots de Breton. Simon Fraser University (BC) Stephen Steele JAMES, ALISON. Constraining Chance: Georges Perec and the Oulipo. Evanston, IL: Northwestern UP, 2009. ISBN 978-0-8101-2531-5. Pp. 312. $32.95. Depuis Mallarmé, le thème du hasard est devenu une préoccupation majeure, notamment chez les écrivains de l’Ouvroir de littérature potentielle (l’Oulipo)— et en particulier chez un de ses plus illustres représentants, Georges Perec. Les thèses saussuriennes sur l’arbitraire du signe qui imprégnaient l’ère structuraliste ont motivé une poétique de la contrainte et son exportation au genre romanesque. Des œuvres aussi célèbres que La Disparition ou La Vie mode d’emploi en sont les emblèmes: des textes qui s’élaborent à partir de contraintes formelles mais sans exclure, loin de là, ni le plaisir du texte ni les péripéties romanesques. Bannissant l’illusoire spontanéisme romantique qui invoquait l’inspiration ou l’automatisme surréaliste qui traquait les coïncidences heureuses, les textes Reviews 599 oulipiens s’affichent comme des œuvres “anti-hasard”. Perec a adopté le “dictum ” du groupe selon lequel l’œuvre littéraire cherche à abolir le hasard: elle deviendrait “un produit ” soumis à des “procédures créatives parfaitement conscientes ” (4). Cette question—avec ces notions limitrophes que sont l’aléatoire, le contingent , l’accidentel, l’imprévisible et qui, dans son principe n’est pas, soulignons-le, sans accointance avec une certaine poétique contemporaine...

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